mardi 14 juillet 2009

Dépression obstinée du muscle cardiaque. ACV exigé sous peu.

Je me suis levée ce matin avec le coeur gonflé d'amertume, comme une fille qui aime passionément mais à qui le retour d'affection est refusé. Je sais comment agir en pareil cas ; je m'active, je m'agite, je chante fort et je me tortille sur les mélodies. Ce matin pourtant, le coeur n'y était toujours pas, celui-là même que j'essayais de remettre en forme, pauvre crétin têtu. Qu'il boude seul dans son coin. Je ne suis pas Sophie-la-pleurnicheuse, je continue la route sans lui, et peut-être que je me débrouillerai mieux ainsi. Ainsi soit-il.

Nota Bene.


Je ne sais pas au juste à quel moment cet espace, cette prolongation internetique de moi-même, s'est mué en une terre déserte. Je n'ai jamais pu estimer la quantité de visiteurs qui la foulaient autrefois, et qui ont finalement fui ces lieux inhospitaliers et arides d'intérêt. Je ne leur en veux pas. C'est tout naturel d'aller chercher l'herbe là où elle pousse verte, là où les phrases légères coulent simplement, là où les formules sont délicieuses et les métaphores exquises. C'est un fait. Mes écrits sont aussi ordinaires que moi. Mais ils perdureront aussi longtemps qu'ils m'aideront à mieux vivre. Je vais continuer à déverser mes trop-plein de pensées ici, ou ailleurs, peu importe la déchetterie, c'est par écrit qu'elle doivent être fixées.

Tout ceci n'est pas fait pour être lu. Il faudrait sinon que je m'applique et que je redoute la critique. Or je suis ici en mon suprême abri de la critique. Et puis quoi encore ?

mardi 7 juillet 2009

A toi.

Lisa est une fille qui ne peut mentir. Elle a beaucoup d’amis, beaucoup d’amours aussi, elle cueille le jour, le jour avec, le jour sans. Elle n’a pas besoin de parler pour donner des leçons de vie. Je tire mon expérience de la sienne, je vis mes péripéties à travers sa vie ; si vous saviez comme elle est richement remplie.
Lisa sait danser ; son pieds se pose où il le faut, ses hanches glissent sur le rythme et rendent presque la musique visible. Lisa sait jouer cette musique. Elle apprend depuis toujours à dompter les partitions, à en faire ce qu’elle veut, et le résultat est toujours mieux. C’est comme ça. Elle est une magicienne de la voix ; les oiseaux planent sur les notes qu’elle chante, les esprits rêvassent et se perdent. Son chant est un charme ; Ulysse lui-même n’aurait pas soutenu la comparaison aux sirènes. Lisa peint, et j’imagine les miracles que son pinceau saura réaliser quand il sera suffisamment exercé. C’est comme ça. Lisa sait tout faire, ou presque, et j’aimerais tant qu’elle s’essaie à l’écriture, qu’elle invente des contes enchanteurs et philosophiques.
Son épanouissement ne saurait être altéré par les tristes événements qu’elle peut connaître ; elle continue d’être belle, elle continue de sourire. Ses cheveux bruns dessinent des boucles nettes qui tombent près de sa joue ; parfois elle les chasse en arrière. Ses yeux brillent sous des traits de khôl, son sourire en fait deux fentes pétillantes sur ses prunelles étincelantes. Elle se trace une petite étoile sur la tempe, au crayon, mais elle est bien égarée, bien loin des véritables étoiles que Lisa a dans les yeux. Elle a le front bombé, le nez de sa mère. Son sourire est blanc et forme des pommettes parfaites. Elle a la tête haute, un cou souligné par un ou deux colliers, un décolleté qui fait frémir les sensibles, une taille marquée et des hanches qui le sont tout autant, un ventre féminin, et tout le monde s’accorde sur son terrible poum-poum. Et quand elle rit, mon Dieu, quand elle rit … elle ouvre la porte du septième ciel aux chérubins qui erraient au sixième. Les gens approuvent, applaudissent cette merveille qu’est Lisa. Lisa elle-même en est consciente, il faut donc par moments, que je la dénigre un peu. Pour rééquilibrer la balance de son orgueil. La bonne amie que je fais.
Elle me dit qu’elle m’aime ; un peu trop souvent pour que cela ait l’air sincère. Mais au fond, peut-être en est-elle réellement persuadée. Une fois, pour un devoir de français, elle m’avait décrite comme la huitième merveille du monde ; c’est la plus grosse idiotie que j’aie jamais entendue. Et c’est signé Lisa. Ses qualités font parfois ses défauts ; ses défauts font souvent défaut. Elle m’est précieuse. Quand elle n’est pas sage, elle devient ma fille, j’aime endosser le rôle de mère et la tyranniser un peu, mais personne ne saurait me prendre au sérieux, j’ai trop l’air d’une vieille fille moralisatrice et rigide.
J’aimerais être là à son premier mariage, à son deuxième mariage aussi ; je voudrais connaître les enfants qu’elle fera. Je voudrais faire toujours partie de sa vie, mais ma crainte grandit que nos chemins viennent à se séparer inéluctablement, et surtout, bientôt. Lisa et moi sommes différentes, nous pourrions presque sembler des opposées ; jusqu’ici ceci à fait notre force, mais qui sait ? Qui sait comment les choses évolueront quand nous-mêmes évoluerons. On s’est juré fidélité, mais la fidélité est-elle une chose réelle, est-elle une chose possible ?
Ne soyez pas jaloux ; je vous aime comme j’aime Lisa. Mais oui, voyons. Séchez vos pleurs furieux. Ne fulminez plus ; un jour viendra où je pourrai écrire sur vous comme j’écris sur elle. Peut-être.