samedi 27 juin 2009

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Je voudrais dire, à tous ceux qui ont un jour cru en moi, combien ils ont eu tort, et combien j'en suis navrée. Cette année a révélé mon incompétence dans toute sa splendeur. Je le redoutais, c'est finalement arrivé, à moi qui clamais depuis des années déjà que je ne valais rien. Je ne me suis pas forcée pour que ma vraie nature me rattrape par le bras et me jette à terre. Si elle ne m'avait pas piétinée, je l'aurais fait de moi-même, même si cela requiert de sévères contorsions.
Je cherche des raisons de me relever, et d'y croire encore. Je cherche mes forces à rassembler, mon courage à blinder, mon coeur à crever l'abcès, mes graisses à brûler. Les amis, fuyez tant qu'il est temps.
Sophie

dimanche 21 juin 2009

Fête de la musique. 2009. Et vlan.

C'était hier, c'était le soir. Il faisait froid, pour une fête de la musique qui célèbre la nuit la plus courte de l'année et le retour de l'été. Nous avons déambulé dans les quartiers de Pau, la vie rêvée des villes. Il y avait beaucoup de jeunes, des plus jeunes que nous, et cette foule de collégiens sur le tard m'exaspérait. Je les regardais enivrés, saouls, avec cette joie et cette énergie délibérée de l'immâturité. Les filles glapissaient, gloussaient, les garçons riaient gras et faisaient des réflexions stupides. Ils étaient laids à voir. Selon mes yeux. Non pas que j'envie cette période de la vie, que je garde de bons souvenirs de mon adolescence. J'étais froissée de comprendre, hier soir, que ces années étaient pour moi définitivement révolues, que la page avait été tournée, et que désormais tout retour vers la jeunesse lycéenne m'était aussi inaccessible qu'interdit. Je me suis sentie vieille. A côté de la plaque. Mes 15 ans n'ont pas ressemblé aux leurs. Je ne sortais pas, je ne buvais pas, je ne dansais pas devant la scène. Et hier soir comme à mes 15 ans, je suis restée spectatrice de ces jeunes qui rejetaient leur tête en arrière pour éclater de rire. Je me suis amusée. Mais je me suis sentie vieille. A 19 ans. Je ne veux jamais avoir 20 ans. Vingt ans, c'est deux décennies. Qu'aurai-je fait de ces deux décennies ? Qu'en aurai-je tiré, de quelles victoires sur le destin pourrai-je me gargariser ? Quel bilan pourrai-je faire, quelle valeur saurai-je donner à tout ce temps perdu , debout sur mes deux pieds ?
Il faut que je m'arrange pour mourir avant cette vingtaine.
La soirée s'est tout de même poursuivie, au fil des scènes animées de groupes quadragénaires. Ou moins vieux. La nuit a fini par tomber, et je préférais comme ça. Parce que j'ai remarqué qu'en plein jour, tout le monde s'épie. Dans les rues, et sur les places noires de monde, les regards scrutaient, jugeaient, cherchaient des connaissances ou des plans drague, que sais-je. C'était gênant. A Bordeaux, ou à NY, la ville grouille de gens, mais ces gens-là sont focalisés sur leur timing et leur destination, courent de bus en métro, ou bien sont plongés dans la contemplation des monuments. Mais hier soir, tout ce peuple s'observait, et je détestais. Je ne voulais pas qu'on me voie, qu'on me regarde, je ne voulais pas que les gens puissent penser quelque chose de mon apparence.
Il y a eu des rencontres, aussi heureuses que brèves. Impossible de communiquer par-dessus le vacarme des basses. On se mimait un "A la prochaine" approximatif. Et on reprenait le chemin. J'ai croisé deux vieux amours ; soit deux coups de décharge électrique dans le ventre. Vous voyez, c'est comme quand vous retrouvez une PollyPocket sous le lit, dix ans après. Il y a une remontée d'émotions. Ce n'est pas vraiment de le mélancolie ; seules de bonnes impressions vous reviennent, et le souvenir des bons instants. Non les instants ou vous vous sentiez seule et miséreuse, furieuse et incapable (oui, ça arrive avec les PollyPocket) ; vous vous rappelez plutôt combien vous avez chéri l'objet, combien il vous a donné plaisir et espoir. L'un des deux types est venu vers moi, me tapant la bise après un "Tu te souviens de moi au moins ?". "Trou du cul, je t'ai aimé pendant deux ans, tu ne l'as jamais su. Bien sûr, je me souviens." ai-je pensé très fort.
C'était hier, c'était la nuit. Tous les chats sont gris. Tous les jeunes sont ivres. Et le reste s'ennuie.