vendredi 31 octobre 2008

Ooh, baby, baby it's a wild world


La fête dans l'amphi. Les carabins déguisés en putes, en cochons, en hommes des cavernes, en infirmières tendancieuses. Les bonbons qui fusent, les chewing-gum pré-digérés lancés sur les primants, les chansons paillardes qui résonnent, l'odeur de la transpiration, les fesses des doublants, les pistolets à eau qui dispersent les foules.
La petite fille bourgeoise qui caresse le chien du clochard. La pluie qui tombe dru. Le froid qui pince les joues. Le vent qui encrasse les cheveux. La fatigue qui cerne les yeux. Le caoutchouc des Converses qui glisse sur la chaussée humide de feuilles mortes. Le nez dans l'écharpe. Ou dans les bouquins. Le temps qui passe. Soeur Emmanuelle est morte, combien de gens exceptionnels reste-t-il sur Terre ? Nelson Mandela, O. Pagès, Paris Hilton et Nikos Aliagas. Je veux croire qu'il existe des anonymes qui ont tout autant d'humanité.
Mais qu'est-ce qu'on va faire de toi ?


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samedi 18 octobre 2008

C'est la mère Michel qui a perdu son chat.

Quand j'étais petite, il y avait des week-end où mon père travaillait. Il rentrait à l'appartement le midi, il mangeait avec sa femme et sa fille, puis il allait piquer une courte sieste sur le canapé parce qu'il s'était levé tôt le matin. Et pendant ce temps, Maman lui préparait un café. C'était moi qui apportait le café. C'était très important, c'était une grande responsabilité cette histoire de café, il ne fallait pas le faire tomber sinon mon orgueil aurait été fortement ébranlé. Alors je faisais de tout petits pas rapprochés, le regard fixé sur l'onde liquide qui oscillait dans la tasse, les doigts crispés sur la coupelle, le souffle coupé et le défi au ventre. De cette démarche calculée et pondérée, je m'approchais de la table basse, et dans un état de concentration à son paroxysme, je fléchissais les genoux pour déposer le breuvage fumant sur un coin dégagé. Dès cet instant je pouvais envisager de réadopter une respiration normale. Accroupie, je saisissais le carré de sucre entre mes doigts d'enfant, j'en trempais juste l'extrémité et j'adorais regarder comment il s'emplissait progressivement de café. Lorsque la tâche brune atteignait ma peau, je le lâchais vite dans un plop un peu mou, et je le regarder sombrer au fond de la tasse où il se dissociait dans la mare noirâtre. Et puis je mélangeais avec la petite cuillère en inox, en faisant attention de ne pas trop heurter l'intérieur de la tasse, pour ne pas réveiller Papa. Mais bien sûr qu'il était réveillé à ce moment-là. Quand le café était prêt, je jetais un coup d'oeil par-dessus mon épaule, je vérifiais que Papa avait toujours les paupières closes, et je sirotais dans une discrétion toute relative, une et une seule cuillère de ce que je venais de préparer. Je me retenais de faire la grimace avec un goût si amer sur la langue. Et mon père, amusé, me demandait : "Tiens, tu aimes le café, toi ?". Et moi, dans un mensonge honteux et scandaleux, je hochais la tête, parce que ça faisait un point commun de plus avec mon Papa. Et c'était bien d'avoir des points communs avec Papa, comme ça j'étais sûre qu'il m'aimerait pour toujours.

samedi 11 octobre 2008

Motivation en décrépitude


Vous y croyez fort, à l'indépendance, à la liberté, à l'émancipation. A la majorité que vous aimez fêter, entouré des gens que vous aimez et vice-versa. Au pouvoir que vous donne le droit de vote, le permis de conduire, les clés de votre studio, la carte bleue d'un compte que vous n'alimentez pas encore tout seul. Vous avez hâte. Que la grande vie commence, que l'horizon s'offre à vous sans oeillères à votre champ de vision.

Ca ne se passe pas comme ça. Ou alors, ça peut marcher quelques semaines, qu'est-ce que j'en sais ? Les feuilles de cours se remplissent et s'empilent dans vos classeurs, les blocs-notes s'usent à la pelle, les manuels s'écornent et se plissent, la tête bourdonne. Vous êtes seul comme un grand dans une grande fac d'une grande ville. Vous êtes jeune, très jeune. Et pourtant vous réalisez qu'à un moment, il va falloir mener votre barque par vous-même, et que ça commence maintenant. Qu'un jour il vous faudra gagner votre vie, que pour cela il faudra obtenir un entretien d'embauche, et que vous ne serez employé que si vous avez étudié. Vous pensez qu'un jour il faudra bien faire des choix et ne pas se planter. Mesurons donc les conséquences de chaque geste, la lourde responsabilité pour chaque acte. Grandissons, mais pas trop quand même. Z'avez vu la tronche que ça fait de vieillir ?


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mercredi 8 octobre 2008

OK Go



Tout le monde semble pris de l'envie d'un nouveau départ, et tout le monde déménage dans une sphère bloguesque étrangère. Je ne me sens pas concernée par ce dépaysement virtuel et ce cyber starting-over, mais soit, vous me connaissez bien (et si non, cela ne sera pas long), je suis carrément une accro des phénomènes de mode. Je veux ressembler au commun de ces crétins de mortels et me fondre dans leur masse fétide. La conséquence directe de ces élans grégaires est mon arrivée en (plus ou moins) grande trombe dans l'univers de Blogspot. It is a new day. It is a new life (sic Nina Simone). It is a new blog (sic Sophie B.). Et on verra bien si mes fidèles adeptes me suivront jusqu'ici. La mise en page est minable, je le concède, mais c'est une mise en page à mon image. Alors, prenez du bon temps, les jeunes. Ici ou ailleurs.
Et autant le dire tout de suite : Sophie = am stram gram. Ne vous torturez pas la cervelle. Une seule et unique personne entretient cette litière.