jeudi 26 novembre 2009

Article n°57 :



En cours d’histologie sur les épithéliums, on apprend que le papillomavirus est détectable en microscopie optique sur des lames cytologiques de frottis cervicaux vaginaux. Le professeur ne manquera pas de nous rappeler les moyens de prévention contre le virus HPV : vaccination des jeunes femmes, utilisation de préservatif(s), et enfin abstinence. Abstinence, c’était mis exprès, il savait très bien que ça allait faire son petit effet dans les amphis : exclamations, protestations, gloussements, blagues à la volée. Venant de jeunes gens qui ont été initiés à une vie sexuelle quelques années voire quelques mois plus tôt, j’ai trouvé ça assez ironique. Mais ça leur donnait le droit de trouver la diapo risible.
S’ensuivent des explications sur les conditions de vaccination : prescription est faite pour les jeunes filles de 14 ans, et de 15 à 23 ans n’ayant jamais eu de rapports sexuels, ou bien au plus tard un an après le premier rapport. Lors de la mention de « vierges entre 15 et 23 ans », un bougre des derniers rangs nous fera partager sa position : « Ca n’existe pas ! ».
Je me suis raidie sur mon siège. J’ai cherché des yeux, parmi les rangées, des gens qui avaient l’air aussi perdu que moi, des expressions de visage non approbatrices. C’est impossible, j’ai pensé, d’être la seule de cinq cents élèves à pouvoir contredire cette vérité lancée du haut des escaliers.

Je ne sais pas si je devais être fière, ou si je devais avoir honte. Je ne sais pas s’il fallait que j’éprouve quelque chose. Je me suis encore sentie marginale. Je n’ai toujours pas trouvé ma place ; je ne me trouve aucun modèle sinon celui d’une nonne. Cette différence, je ne sais plus comment l’assumer, je ne cherche pas à la faire disparaître, mais j’aimerais qu’un jour elle cesse d’être un poids. Il faudra à un moment, trouver le courage d’être moi, ou devenir quelqu’un d’autre. Quelqu’un de mieux, de plus stable et de plus adaptable aux mœurs et agissements de nos populations un peu dépourvues de sensibilité.

jeudi 19 novembre 2009

Article n°56 :


Dans mon groupe, j’ai trouvé deux canons. Y en a un, il est juste canon.
Et alors l’autre … L’autre, dès que je l’aperçois, je fonds comme un m&m’s dans la bouche. Le regarder me fait du bien, le sang pulse mieux dans mes veines, mon cerveau est mieux oxygéné, mes neurones libèrent des neurotransmetteurs euphorisants. Il me plaît ; je ne le connais pas, pourtant je veux ce garçon et je l’espère. Je jalouse les filles qui gravitent autour de lui. Je jalouse les vêtements qui connaissent sa peau. Il n’est pas bien grand, il a les cheveux dans les yeux et des lunettes, il vous rappellerait quelqu’un si vous m’avez bien connue.
Mais ce n’est ni le lieu, ni le moment de faire la brasse dans une piscine de guimauve rose, de dessiner son prénom dans des cœurs sur les pages de mon agenda. Ceci d’autant plus que chaque matin, le miroir de la salle de bain me rappelle que je ressemble à Shrek. Alors en plus de travailler au reste, je travaille à me le sortir de la tête. Et même si c’est devenu une habitude, ça reste douleur de suturer ses sentiments.

vendredi 9 octobre 2009

Article n°55 : Bon courage lecteur.

Ma journée commence en insultes. Je jure du bout des dents contre cette sonnerie de réveil fort malvenue, des obscénités non articulées car ma mâchoire dort toujours. Je m’assieds hirsute dans le lit, je pense vaguement la journée qui m’attend, et c’est un véritable combat que je mène alors contre moi-même pour ne pas céder à l’instinct de conservation, qui me murmure de replonger sous la couette et de faire fi de mes obligations. Je consens finalement à me placer en équilibre sur mes deux jambes, et je profite du trajet jusqu’à la salle de bain pour me décoller les paupières. Ce que j’entrevois alors en arrivant devant le miroir du lavabo est un spectacle terrifiant. Je passe outre ce dégoût rituel, je jette ma tenue de nuit à terre et je tire le rideau de douche. C’est d’abord de l’eau froide qui sort, ce n’est pas agréable, j’évite cette marre glacée en réfugiant mes pieds dans un coin sec. Ensuite je verse du gel douche dans la main gauche, et stupeur : la substance est verte. Enfin quoi, je ne pouvais quand même pas me douter que les commerciaux iraient jusqu’à donner la même couleur au gel douche qu’au flacon qui le contient. Après le choc psychologique de m’être savonnée à la bave d’alien, j’émerge en même temps que je me sèche. Il faut que je m’arrange les cheveux, que je m’arrange la figure, ce n’est pas chose aisée et c’est probablement inutile. Je le fais quand même, à contre cœur. J’écoute les animateurs radio coasser leurs stupidités depuis la chambre. Ils ne sont vraiment pas drôles mais si on me demandait de mettre l’ambiance à 6h du matin, je crois que je ne serais pas plus glorieuse qu’eux ne le sont.
Il me reste dix minutes pour le petit déjeuner, j’ai pris la peine de faire la vaisselle hier soir de ce dont j’aurais besoin maintenant même, bol à Special K, bol à café, verre à jus d’orange et cuillères associées. Vite vite.
Brossage de dents, bourrage de sac, un dernier coup d’œil dans la glace pour y voir la catastrophe de mon allure, mais c’est bien trop tard pour s’y reprendre et puis pour quoi faire. Je ferme la porte à clé, je file dans le couloir puis dans la rue, c’est encore la nuit, c’est toujours la nuit, il fait humide et je suis bien contente d’avoir attaché mes cheveux.
Alors j’arrive à la fac, il y a des lumières un peu partout, je monte des escaliers, j’attends au milieu de tous ces étudiants, l’ouverture de mon amphi. Au moment où l’appariteur fait son apparition, la foule s’amasse près des portes d’entrée, dans les starting-block pour s’infiltrer dans la salle et réserver les places.
Et y en a un, à ce moment-là, qui lâche un peu aussi fétide que perfide dans la meute impatiente. Espèce d’ignoble petit bonhomme, si un jour je retombe sur cette odeur, je saurai t’identifier, et je te ferai payer ton incivilité. Ce n’est pas le genre de faits qui doivent se produire devant la jeune fille en fleur que je suis. D’ailleurs quand moi je pète, ça sent bon.
Donc je rentre, à peine remise de cette émotion, je me vautre contre le mur de gauche, pour ne pas être à la portée des tirs de doublants sur les primants. J’attends que le cours commence ; le cours commence, je m’ennuie, le cours se termine, je sors faire pipi. L’attente aux toilettes des filles est aussi longue que la grande muraille de Chine, je prends mon mal en patience, je pense à autre chose, à des endroits loin, trèès loin. Une cuvette se libère, je m’enferme mais je n’arrive plus à faire pipi. S’ensuit une longue série de techniques infructueuses pour évacuer les litres. Il faut retourner en cours, le deuxième cours commence, j’agonise. Puis je rentre, et je mange, je mange beaucoup, et je ne fais pas la vaisselle.
Il faut ensuite réviser, alors c’est ce que je fais. Parfois je lève la tête, je me dis qu’il manque quelque chose à cette vie, puis je me rappelle que ce qu’il y manque c’est la réussite du concours, alors je me replonge dans ces affaires. Le soir arrive tant bien que mal, j’en ai marre, je veux sortir, mais je ne sors pas et j’allume la télé. Au bout d’une heure ou deux je suis épuisée, alors je passe vite par la salle de bains, et je me prépare pour le lit à une place vide qui m’attend. C’est bien le seul qui m’attend. J’éteins la lumière, je me mets à penser, à ressasser, je n’arrive pas à dormir, c’est fou ça. Je suis crevée toute la journée mais je ne dors pas le soir. Les voisins sont bruyants. Je mets des boules quiès. Je me concentre sur ma respiration. Et j’attends le sommeil. Qui viendra. Et qui prendra fin au proche réveil.

jeudi 1 octobre 2009

Article n°54 :


Une planète me pousse sur le nez ; un désastre épidermique qui me fera d’ici peu ressembler à une créature à deux têtes. Mes bras ont grossi, les manches de mon t-shirt me boudinent les chairs. C’est évidemment dans ces conditions qu’aujourd’hui, Super Canon de l’amphi a posé les yeux sur moi. Mes amis, l’époque où je ressemblerai à Scarlett Johansson sera grandiose, et surtout elle n’existera jamais. Je finirai, comme le prédisait Bridget Jones sur son propre avenir, seule sur le sol de mon studio, avec pour unique compagnie des bergers allemands qui se délecteront de mes graisses flasques et tenaces. Mais je n’aime pas les chiens. Alors peut-être s’agira-t-il de poissons rouges. Et c’est gore.

samedi 26 septembre 2009

Article n°53 :

C’était l’été. La semaine de vacances au camping. Il faisait chaud, nous partions pour un quart d’heure de marche à pieds vers la Baie de Loya, où nous pourrions barboter en toute fraîcheur et en relative intimité. Et puis ça ferait de bonnes photos.
Thomas junior nous accompagnait, le frère de Jérémy ; il avait six ans à l’époque, nous seize. Il avait longuement pleuré le matin, pour la juste raison qu’il n’arrivait pas à dessiner de jolies tortues.
Au début du trajet, je l’ai pris près de moi, et j’ai voulu me donner le ton rassurant : « Tu sais Thomas, tu comprendras plus tard qu’il existe des choses bien plus importantes que de savoir dessiner les tortues. »
Et ce fourbe de gosse, comme l’auraient fait tous les gosses, a ainsi trouvé l’audace de répliquer :
Thomas : « Comme quoi ? »
Lisa : « Le sexxxe … »
Sophie : « LE TRAVAIL ».

mardi 22 septembre 2009

Article n°52 :


FALL.


J’ai toujours aimé l’automne. Tant de fois j’ai rêvé d’être aussi morte que ces feuilles ocres et rougeoyantes, tombant des sommets vers le caniveau froid et humide, tremblotant sur le filet d’eau sale qui y fait cours. Me laissant porter par les timides bourrasques de l’octobre imminent. Craquant sous le passage des piétons. Batifolant avec un coin de trottoir dans un fond de rue. Aujourd’hui le brouillard est poussiéreux, les particules laiteuses en suspension dans l’air s’approprient un droit de carnage sur mon brushing. Mais c’est ainsi, l’automne. Il faut renoncer au teint frais et s’engager dans la chasse aux champignons. Il faut renoncer aux tissus légers et courts, aux émotions estivales, et faire un travail de classement dans les dossiers « souvenirs de vacances ». Il faut toujours glisser un parapluie dans son sac à main. C’est ainsi, l’automne.

dimanche 6 septembre 2009

Article n°51 :

C’est dimanche après-midi au parc. Les couples, les familles se promènent au soleil, marchant le long des allées de graviers. Les enfants ont fini leurs devoirs du week-end, et on a ressorti les ballons, les planches à roulettes ; on dévale la pente des pelouses, on rit joyeusement en oubliant que demain c’est encore un lundi.
Les premiers marrons sont tombés des chênes, annonciateurs d’un proche automne, mais il fait encore chaud sous les rayons de septembre et l’on recherche des bancs à l’ombre. Je marche seule entre les carrés de verdure. Sur le tronc des arbres, plus loin qu’à hauteur des yeux, de petites pancartes affichent le nom de l’espèce. Ils précisent l’appellation scientifique en latin, ce qui permettrait à maman de s’arrêter tous les cinq mètres en s’exclamant, tiens, voilà un Cercis Siliquastrum ! Et là, un vieux Fraxinus Excelsia. En feignant de s’y connaître. Et je me moquerais d’elle en disant qu’elle est aussi experte en branchus que moi en théologie berbère. L’originale, par la réécriture.
Moi aussi plus tard, je veux une famille à balader au parc le dimanche après-midi. On gardera les restes de pain dur de la semaine, on mettra tout ça dans un sac plastique biodégradable que j’accrocherai à la poussette, puis on les jettera aux canards et aux gros poissons qui se rueront sur chaque morceau comme des bêtes affamées qu’ils ne sont pas. Je rappellerai à Tom qu’on ne donne pas de coups de pieds dans les poules d’eau, et je dirai à Théo de ne pas manger les cailloux, c’est sale.

vendredi 4 septembre 2009

Article n°50 :

Ce soir on mange ensemble, avec mes parents. C’est incroyable qu’à coups de solitude forcée, j’en sois arrivée à espérer leur venue. J’attends leur coup de fil du soir, c’est la seule conversation de la journée dont je puisse bénéficier. Oui les vendeuses m’adressent la parole dans leurs magasins, mais c’est aussi leur métier qui l’exige ; je ne peux rien en tirer de gratifiant. Quoique chez Sephora, je me serais bien passée de celle qui m’annonce en caisse, devant une file d’autres clientes, que de prendre la pilule serait une solution efficace à ma micro-acné. Ce à quoi je réponds « Et ta sœur, je vais lui insinuer de la pilule par tous ses interstices ». Non, ce à quoi je réponds en vrai « Au revoir, merci », après m’être saisie du ticket de carte bleue. Voyons son prénom … Mélissa. Toutes des connes, les Mélissa. Je n’en connais pas.
Dans le tram du retour, et sur le trottoir, je sens quelques regards de garçons qui glissent sur moi. Peut-être ne suis-je pas si transparente que ça ? Peut-être ai-je un charme qui agit enfin.
Dans la salle de bain, le constat est à la fausse alerte. J’avais du noir autour de la bouche ; parce que j’ai coincé le journal entre mes lèvres pour pouvoir fermer mon sac. C’était il y a au moins vingt minutes. Un tiers d’heure que je me trimballe avec la figure sale, et si ça se trouve, à un moment j’ai même dû sourire avec cette tronche de ramoneuse.
Je me sens conne, nom d’une tringle. Je suis la fille qui oublie de fermer son parapluie quand il cesse de pleuvoir. Qui récupère sa monnaie et repart sans la baguette de pain qu’elle vient d’acheter. Qui sort une vacherie alors que dans sa tête, ça sonnait plutôt comme un compliment.

jeudi 3 septembre 2009

Article n°49 :

J’ai envie de les apostropher dans les rues, de près ou de loin : « Eh, lâche ta pétasse et regarde-moi ! Je fais du 38 mais ça peut s’arranger, je sais cuisiner les cookies, et puis mes yeux sont bleus, c’est joli les yeux bleus, tout le monde dit que c’est joli les yeux bleus ».

A un âge auquel je ne savais pas encore parler, mes parents m’ont rapporté qu’un homme s’était adressé à moi dans ces termes : « T’as des yeux à faire péter les boutons de braguette ». J’aimerais le retrouver, je ne sais pas où il est maintenant, ni à quel point il est fripé, pour lui lancer quelque chose comme : « Mec, t’es qu’un vieil enfoiré. » Jamais mes yeux n’ont eu un tel effet sur quelconque bouton, ni de braguette ni de manchette, ni même d’acné. Alors on ne fait pas de promesses fantastiques à une gamine en bas âge, voilà ce qu’il faut retenir de cette histoire. Sinon les gamines, elles finissent comme moi ; elles engloutissent des sucreries et des lipidités pour oublier leur solitude.

lundi 31 août 2009

Article n°48 :


Ce que je trouve quand je me réinstalle : la ville irrespirable et étouffante. Les Bordelaises, une barrette dans les cheveux lisses, jolie tunique sur minces gambettes, à côté de qui j’ai l’impression d’avoir un vague lien de parenté m’unissant aux paillassons. Mon trottoir jonché de déjections canines. Le tram, supposé me servir toutes les dix minutes, mais pour cause d’incident technique ou de « mouvement social », ce sera un trajet pédestre. Les voisins qui ne pensent pas à se faire discrets. Le frigidaire qui va me réveiller tous les trois quarts d’heure. Et les boules quiès qui feront inévitablement amies-amies avec mes chers tympans, dans ce charmant cadre qu’est le conduit auditif.
J’étais ravie de reposer mes bagages ici. Je me suis violemment fritée avec mes parents, ils n’ont pas compris que c’était le stress qui parlait pour moi. Ils ont probablement confirmé sur ma personne l’opinion d’une pauvre garce exécrable, odieuse et ingrate. Ils ont probablement raison.
Ce que je quitte quand je me réinstalle : à peu près tout. On dirait que quelqu’un s’amuse à forer dans mes tripes.
J’y suis. Et je vais y rester.

mercredi 26 août 2009

Article 47 :


Les douceurs touchent à leur fin. Les petits bonheurs perdent leur saveur excitante. L’euphorie du « tout est permis » retombe, les semaines ne s’étendent plus à perte de vue et l’horizon des vacances d’été se bouche. C’est le crépuscule sur le programme des réjouissances. Le jour raccourcit, tu te lèves plus tôt que le soleil, les émissions reprennent, et la télé reprendra un peu de qualité quand tu ne pourras plus la regarder. En attendant, elle diffuse que « Le cheval, c’est trop génial ». Ma mère, elle, diffuse toujours les mêmes choses. Elle parle, elle parle tellement, elle m’épuise à dilapider autant de salive et à distiller des insipidités gratuites. Pas besoin d’un boulot à temps plein, elle se surmène elle-même rien qu’en engageant une conversation. Je ne l’écoute plus. Sauf quand ça m’arrange.

Et c’est comme ça, les gens, s’ils se manifestent trop, ils finissent par nous sortir par les yeux. Je sens que j’écris trop, que ça ne t’intéresse pas, mais si tu savais tout ce qui se passe dans ma tête. Alors le plus futile se déverse ici. Je suis comme ma mère. On est de grosses anxieuses toutes deux, à la différence qu’elle est impudique.

C’est donc la rentrée. Ça a quelque chose de triste, mais ça a aussi l’odeur du nouveau départ. Le rendez-vous chez le coiffeur, les fringues neuves, les souliers cirés, le bureau rangé, le cartable brossé, la nouvelle classe, les copains bronzés. Tout ça, c’était avant. Quand on faisait l’appel au début du cours, qu’on avait une trousse remplie de feutres, des gommettes plein les doigts, qu’on écrivait au stylo plume, qu’on faisait une peinture pour la fête des mères, qu’on gagnait des bleus et des cicatrices à la récré, qu’on se faisait servir plat par plat à la cantine.

Les temps changent. Il y a quelque chose qui coince. Je te veux encore.

lundi 17 août 2009

Article n°46 :

A chaque fois que je constate que je ne suis pas irremplaçable. Ca me lacère les chairs. Ca part du coeur, ça gagne les poumons, ça enserre la cage thoracique, ça saigne la gorge, ça éclate la rétine et ça crève les tympans, ça explose le cortex et ça accable la colonne vertébrale. Et ensuite, je perds l'usage des jambes, je tombe à genoux, ça fissure les rotules, ça malmène les ligaments, ça claque les chevilles et ça fait hurler à la mort.
Et puis c'est comme tout, ça cicatrise. Je me dis que j'aime pour avoir le plaisir d'aimer, que je n'attends pas de retour, parce que c'est vrai, je t'aime et je ne t'en demanderai jamais rien de tel. Ce tu a des dizaines de destinataires, puissent-ils le saisir comme il vient, le comprendre et ne pas m'en vouloir.

mardi 11 août 2009

Article n°45 :

Je me demande parfois, comment il l’aime, comment il le lui prouve. Je me demande ce qu’il lui écrit, comment il la fait rire, l’embrasse et l’effleure, je me demande quel frisson le parcourt quand elle lui offre son sourire. S’il respire son parfum à grandes bouffées, s’il conserve tout ce qui lui rappelle sa présence, si son cœur se perd dans la profondeur de son regard, s’il voudrait l’emmener au loin et se casser la voix à lui répéter qu’il ne veut qu’elle. S’il se dit qu’il a finalement trouvé mieux. Je me demande ces choses qu’on ne demande pas.

dimanche 9 août 2009

Réflexion sur ta vie.


Pour vivre en harmonie avec notre époque, il faut d’abord admettre cette société où les fillettes se maquillent à douze ans, achètent leur premier string à treize ans, et où les jeunes s’alcoolisent et se sexualisent à quatorze. Il serait trop honteux d’entrer au lycée avec un foie en pleine santé et un statut de puceau. En France, la moitié des gamines de 9 ans se sont déjà essayées à un régime. Et je pense qu’il sera plus sain, bientôt, de retourner à davantage de simplicité. Je constate, sans généraliser, que ce mode de vie forme des adolescents, soit stupides et inconscients, soit complexés, angoissés, pessimistes et dépressifs par-dessus le marché. Le cul entre deux chaises, émancipés de l’enfance mais loin d’être déjà capables de discernement, on leur met entre les mains de nouveaux jouets qu’ils ne sont pas encore faits pour comprendre, et par lesquels seules leurs hormones débutantes sauraient y trouver leur compte. Il est clair que l’âge de mâturité physique et l’âge de la mâturité affective s’écartent de plus en plus, laissant des collégiens frustrés qui perdent un peu pieds. Expliquons-leur qu’ils ne sont pas faits pour ça, donnons-leur quelque-chose en quoi croire, préservons-les des dangers de la passion. Amen. Non, aujourd’hui vos enfants grandissent trop vite, la faute à votre société qui expose des corps trop parfaits dans les magazines, des gens trop débiles à la télé, des pornographies sur tous les écrans. Vous ne savez plus les protéger de toutes les influences qui en découlent. Vous ne parlez plus assez. Il est temps de maîtriser tous ces flux de vulgarité, et de ne plus prendre les gens pour des oies qu’on gave d’images et de sons. Changez, changeons, maintenant.

Je crois déjà que la virginité reviendra bientôt à la mode chez les filles ; la mode, ce n’est jamais que du réchauffé, cela reste du va-et-vient au fil des époques. J’en prends pour témoin les cérémonies de mariage dont le chiffre explose après une dure traversée du désert ; les pantalons pattes d’éph, le short, les sabots, les Converse, la frange, la coupe au carré, le gras, le maigre, le bio, etc etc. Secret Story 3 nous présente parmi son casting deux jeunes chastes de dix-neuf ans, et dieu sait quel modèle ils pourront représenter pour les prépubères, pendant leurs cinq ou six mois de célébrité forcée. Peut-être cela permettra-t-il à nos jeunes de reprendre du pouvoir sur certaines choses. Peut-être est-ce d’abord cela, la liberté de la jeunesse ; d’être détaché des choses compliquées qui relèvent du domaine des adultes. De dire je t’emmerde, je fais ce que je veux comme je veux, je décide du moment et de l’endroit, de la personne et de la saison, je suis fraîche, nette et je ne te ressemble pas. Je suis moi.

Pour ce qui est du tabac, voyons, cela fait bien longtemps que les jeunes qui fument ne sont plus considérés comme des déviants. De tous âges, on a vu des cigarettes entre les lèvres de petits gars. Mais c’est toujours très drôle, quand on demande « Comment tu paies tes clopes ? », de s’entendre répondre « … Avec mon argent de poche. ». Quels rebelles, ceux qui osent l’émancipation pulmonaire mais non financière, de papa et maman. Et pour en revenir aux phénomènes de la mode, j’espère vivre assez vieille pour voir revenir le fashion façon Louis XIV, parce que des garçons en collants et culotte bouffante, c’est sûrement très tordant.

mercredi 5 août 2009

Job d'été et schizophrènes.


Désormais, j’embauche tous les matins à 8h30 carillon. Mais je m’essouffle d’abord sur la selle de vélo pendant une vingtaine de minutes. Bilan : les B’Tween n’ont pas la clim. Je gagne ainsi la Trésorerie du Centre Hospitalier Psychiatrique, moite, rouge et hirsute, malgré tous mes efforts de démêlage et de maquillage pour ne pas être assimilée aux patients légitimes de l’établissement. Les vigils hésitent le soir à m’ouvrir la barrière, ils scrutent dans mon regard l’étincelle de folie, dans mon comportement une aliénation refoulée, dans mon sac à main une camisole dissimulée. Je voudrais bien leur hurler : « JE SUIS JUSTE SOPHIE BONNIN MERCI DE ME LAISSER SORTIR », mais au fond ce serait peut-être bien le meilleur argument que je pourrais avancer pour que l’on me cloître dans l’enceinte, qu’on m’enfile une muselière et qu’on me vaccine contre la rage. Deuxième bilan : le sourire forcé est de toute évidence un signe de bonne santé mentale.
C’est stupéfiant qu’avec ce tout premier job, je commence à cotiser pour ma propre retraite. Et ma mère qui me sort : « Conserve ce contrat de travail soigneusement, tu pourras le faire valoir d’ici quelques années quand tu prendras ta retraite. » Ce quelques années m’a laissée sur le cul. Employer le terme décennies aurait non seulement été plus judicieux, mais m’aurait aussi bien moins choquée sur mes dix-neuf années qui approchent de l’ère du dentier, du déambulateur et des grosses boucles d’oreilles en or. J’avais envie de lui répondre : « Si pour moi ce n’est que dans quelques années, alors pour toi, morue, c’est demain ! ». Mais ma décence légendaire m’a préservée de déclencher un conflit aussi inutile que coûteux en énergie. Alors bon, je me suis plantée devant Secret Story et puis voilà. Et maintenant que je viens de formuler ce terrible aveu par écrit … Pirouette cacahuète.

mardi 14 juillet 2009

Dépression obstinée du muscle cardiaque. ACV exigé sous peu.

Je me suis levée ce matin avec le coeur gonflé d'amertume, comme une fille qui aime passionément mais à qui le retour d'affection est refusé. Je sais comment agir en pareil cas ; je m'active, je m'agite, je chante fort et je me tortille sur les mélodies. Ce matin pourtant, le coeur n'y était toujours pas, celui-là même que j'essayais de remettre en forme, pauvre crétin têtu. Qu'il boude seul dans son coin. Je ne suis pas Sophie-la-pleurnicheuse, je continue la route sans lui, et peut-être que je me débrouillerai mieux ainsi. Ainsi soit-il.

Nota Bene.


Je ne sais pas au juste à quel moment cet espace, cette prolongation internetique de moi-même, s'est mué en une terre déserte. Je n'ai jamais pu estimer la quantité de visiteurs qui la foulaient autrefois, et qui ont finalement fui ces lieux inhospitaliers et arides d'intérêt. Je ne leur en veux pas. C'est tout naturel d'aller chercher l'herbe là où elle pousse verte, là où les phrases légères coulent simplement, là où les formules sont délicieuses et les métaphores exquises. C'est un fait. Mes écrits sont aussi ordinaires que moi. Mais ils perdureront aussi longtemps qu'ils m'aideront à mieux vivre. Je vais continuer à déverser mes trop-plein de pensées ici, ou ailleurs, peu importe la déchetterie, c'est par écrit qu'elle doivent être fixées.

Tout ceci n'est pas fait pour être lu. Il faudrait sinon que je m'applique et que je redoute la critique. Or je suis ici en mon suprême abri de la critique. Et puis quoi encore ?

mardi 7 juillet 2009

A toi.

Lisa est une fille qui ne peut mentir. Elle a beaucoup d’amis, beaucoup d’amours aussi, elle cueille le jour, le jour avec, le jour sans. Elle n’a pas besoin de parler pour donner des leçons de vie. Je tire mon expérience de la sienne, je vis mes péripéties à travers sa vie ; si vous saviez comme elle est richement remplie.
Lisa sait danser ; son pieds se pose où il le faut, ses hanches glissent sur le rythme et rendent presque la musique visible. Lisa sait jouer cette musique. Elle apprend depuis toujours à dompter les partitions, à en faire ce qu’elle veut, et le résultat est toujours mieux. C’est comme ça. Elle est une magicienne de la voix ; les oiseaux planent sur les notes qu’elle chante, les esprits rêvassent et se perdent. Son chant est un charme ; Ulysse lui-même n’aurait pas soutenu la comparaison aux sirènes. Lisa peint, et j’imagine les miracles que son pinceau saura réaliser quand il sera suffisamment exercé. C’est comme ça. Lisa sait tout faire, ou presque, et j’aimerais tant qu’elle s’essaie à l’écriture, qu’elle invente des contes enchanteurs et philosophiques.
Son épanouissement ne saurait être altéré par les tristes événements qu’elle peut connaître ; elle continue d’être belle, elle continue de sourire. Ses cheveux bruns dessinent des boucles nettes qui tombent près de sa joue ; parfois elle les chasse en arrière. Ses yeux brillent sous des traits de khôl, son sourire en fait deux fentes pétillantes sur ses prunelles étincelantes. Elle se trace une petite étoile sur la tempe, au crayon, mais elle est bien égarée, bien loin des véritables étoiles que Lisa a dans les yeux. Elle a le front bombé, le nez de sa mère. Son sourire est blanc et forme des pommettes parfaites. Elle a la tête haute, un cou souligné par un ou deux colliers, un décolleté qui fait frémir les sensibles, une taille marquée et des hanches qui le sont tout autant, un ventre féminin, et tout le monde s’accorde sur son terrible poum-poum. Et quand elle rit, mon Dieu, quand elle rit … elle ouvre la porte du septième ciel aux chérubins qui erraient au sixième. Les gens approuvent, applaudissent cette merveille qu’est Lisa. Lisa elle-même en est consciente, il faut donc par moments, que je la dénigre un peu. Pour rééquilibrer la balance de son orgueil. La bonne amie que je fais.
Elle me dit qu’elle m’aime ; un peu trop souvent pour que cela ait l’air sincère. Mais au fond, peut-être en est-elle réellement persuadée. Une fois, pour un devoir de français, elle m’avait décrite comme la huitième merveille du monde ; c’est la plus grosse idiotie que j’aie jamais entendue. Et c’est signé Lisa. Ses qualités font parfois ses défauts ; ses défauts font souvent défaut. Elle m’est précieuse. Quand elle n’est pas sage, elle devient ma fille, j’aime endosser le rôle de mère et la tyranniser un peu, mais personne ne saurait me prendre au sérieux, j’ai trop l’air d’une vieille fille moralisatrice et rigide.
J’aimerais être là à son premier mariage, à son deuxième mariage aussi ; je voudrais connaître les enfants qu’elle fera. Je voudrais faire toujours partie de sa vie, mais ma crainte grandit que nos chemins viennent à se séparer inéluctablement, et surtout, bientôt. Lisa et moi sommes différentes, nous pourrions presque sembler des opposées ; jusqu’ici ceci à fait notre force, mais qui sait ? Qui sait comment les choses évolueront quand nous-mêmes évoluerons. On s’est juré fidélité, mais la fidélité est-elle une chose réelle, est-elle une chose possible ?
Ne soyez pas jaloux ; je vous aime comme j’aime Lisa. Mais oui, voyons. Séchez vos pleurs furieux. Ne fulminez plus ; un jour viendra où je pourrai écrire sur vous comme j’écris sur elle. Peut-être.

samedi 27 juin 2009

010011010100101010101110101010100010


Je voudrais dire, à tous ceux qui ont un jour cru en moi, combien ils ont eu tort, et combien j'en suis navrée. Cette année a révélé mon incompétence dans toute sa splendeur. Je le redoutais, c'est finalement arrivé, à moi qui clamais depuis des années déjà que je ne valais rien. Je ne me suis pas forcée pour que ma vraie nature me rattrape par le bras et me jette à terre. Si elle ne m'avait pas piétinée, je l'aurais fait de moi-même, même si cela requiert de sévères contorsions.
Je cherche des raisons de me relever, et d'y croire encore. Je cherche mes forces à rassembler, mon courage à blinder, mon coeur à crever l'abcès, mes graisses à brûler. Les amis, fuyez tant qu'il est temps.
Sophie

dimanche 21 juin 2009

Fête de la musique. 2009. Et vlan.

C'était hier, c'était le soir. Il faisait froid, pour une fête de la musique qui célèbre la nuit la plus courte de l'année et le retour de l'été. Nous avons déambulé dans les quartiers de Pau, la vie rêvée des villes. Il y avait beaucoup de jeunes, des plus jeunes que nous, et cette foule de collégiens sur le tard m'exaspérait. Je les regardais enivrés, saouls, avec cette joie et cette énergie délibérée de l'immâturité. Les filles glapissaient, gloussaient, les garçons riaient gras et faisaient des réflexions stupides. Ils étaient laids à voir. Selon mes yeux. Non pas que j'envie cette période de la vie, que je garde de bons souvenirs de mon adolescence. J'étais froissée de comprendre, hier soir, que ces années étaient pour moi définitivement révolues, que la page avait été tournée, et que désormais tout retour vers la jeunesse lycéenne m'était aussi inaccessible qu'interdit. Je me suis sentie vieille. A côté de la plaque. Mes 15 ans n'ont pas ressemblé aux leurs. Je ne sortais pas, je ne buvais pas, je ne dansais pas devant la scène. Et hier soir comme à mes 15 ans, je suis restée spectatrice de ces jeunes qui rejetaient leur tête en arrière pour éclater de rire. Je me suis amusée. Mais je me suis sentie vieille. A 19 ans. Je ne veux jamais avoir 20 ans. Vingt ans, c'est deux décennies. Qu'aurai-je fait de ces deux décennies ? Qu'en aurai-je tiré, de quelles victoires sur le destin pourrai-je me gargariser ? Quel bilan pourrai-je faire, quelle valeur saurai-je donner à tout ce temps perdu , debout sur mes deux pieds ?
Il faut que je m'arrange pour mourir avant cette vingtaine.
La soirée s'est tout de même poursuivie, au fil des scènes animées de groupes quadragénaires. Ou moins vieux. La nuit a fini par tomber, et je préférais comme ça. Parce que j'ai remarqué qu'en plein jour, tout le monde s'épie. Dans les rues, et sur les places noires de monde, les regards scrutaient, jugeaient, cherchaient des connaissances ou des plans drague, que sais-je. C'était gênant. A Bordeaux, ou à NY, la ville grouille de gens, mais ces gens-là sont focalisés sur leur timing et leur destination, courent de bus en métro, ou bien sont plongés dans la contemplation des monuments. Mais hier soir, tout ce peuple s'observait, et je détestais. Je ne voulais pas qu'on me voie, qu'on me regarde, je ne voulais pas que les gens puissent penser quelque chose de mon apparence.
Il y a eu des rencontres, aussi heureuses que brèves. Impossible de communiquer par-dessus le vacarme des basses. On se mimait un "A la prochaine" approximatif. Et on reprenait le chemin. J'ai croisé deux vieux amours ; soit deux coups de décharge électrique dans le ventre. Vous voyez, c'est comme quand vous retrouvez une PollyPocket sous le lit, dix ans après. Il y a une remontée d'émotions. Ce n'est pas vraiment de le mélancolie ; seules de bonnes impressions vous reviennent, et le souvenir des bons instants. Non les instants ou vous vous sentiez seule et miséreuse, furieuse et incapable (oui, ça arrive avec les PollyPocket) ; vous vous rappelez plutôt combien vous avez chéri l'objet, combien il vous a donné plaisir et espoir. L'un des deux types est venu vers moi, me tapant la bise après un "Tu te souviens de moi au moins ?". "Trou du cul, je t'ai aimé pendant deux ans, tu ne l'as jamais su. Bien sûr, je me souviens." ai-je pensé très fort.
C'était hier, c'était la nuit. Tous les chats sont gris. Tous les jeunes sont ivres. Et le reste s'ennuie.

samedi 30 mai 2009

Yellow subcanine.


Mes chers semblables,

J'estime qu'il est temps de m'atteler à la chaîne dont Luca m'a enserré le clavier. C'est comme une interview qui vous semblera pénible et stupide, mais je suis consolée en pensant que vous oublierez tout ce que j'y ai révélé, dès la fin de votre lecture. Top, c'est parti :

1. Quatre métiers que j'aurais aimé exercer : photo-journaliste ; écrivain ; boulangère ; danseuse.

2. Quatre films que je connais par coeur : attention, ce sont des films d'un autre âge. Je dirais : Moulin Rouge ; Kuzco ; Chevalier ; le Seigneur des Anneaux. Ah, une bien belle époque.

3. Mes quatre livres préférés : L'Accompagnatrice (N.Berberova) ; Ravage (R.Barjavel) ; Jane Eyre (C.Brontë) ; Paroles (J.Prévert).

4. Quatre émissions ou séries télévisées : Dr House (+++) ; Les Nouveaux Explorateurs ; L'Effet Papillon ; Scrubs.

5. Quatre endroits où j'aime passer mes vacances : partout ailleurs que sur mon bureau.

6. Quatre webs que je visite quotidiennement : Google ; blogs ; MétéoFrance.com ; FB.

7. Quatre plats que je ne mangerai jamais : ceux qui grouillent de salmonelles et/ou de fromage.

8. Quatre plats que j'adore : pâtes ; pizzas ; glace stracciatella ; et tout ce que vous mettrez en sauce curry.

9. Quatre endroits où j'aimerais être en ce moment : au lit ; au cinéma ; dans un parc ; près de mes teupo.

10. Quatre personnalités que j'aimerais rencontrer : Yann Barthès ; Soeur Emmanuelle ; l'amour ; le chien de B.Obama.

11. Quatre voeux pour l'année prochaine : devenir mince, brillante, séduisante, décrocher la P1 !

Ce sera tout, merci.

mardi 19 mai 2009

Oeuf fracassé sur le carré de carrelage.


Quatrième semaine de régime. Aucune régression notable de la masse graisseuse.
Je suis encore un petit boudin blanc. C'est triste à pleurer ; tout ce que je mets dans mon assiette est pesé, calculé, non assaisonné. Je m'échigne à ne plus dépasser 1500 kCal par jour. Et je reste un petit boudin blanc. Oh Ciel, faites que cet été, ne se présente jamais l'occasion de m'afficher en maillot de bain. Ou bien que si j'y sois contrainte, la foule autour de moi soit en état d'obésité morbide (IMC>40), ou qu'il y ait une éclipse totale, ou que sais-je. En tout cas, qu'il se produise quelque chose de plus efficace que quatre semaines de régime.
Fff.

dimanche 10 mai 2009

The Sleeping Beauty

Il était une fois, un Roi et sa Reine qui peinaient à assurer leur descendance. Un jour, leur obstination paya et de leurs amours naquit Aurore, délicate progéniture déjà adulée par le Royaume entier qui accourut au Château, le jour de sa présentation officielle.
La fée rouge lui fit don de la Beauté. La fée verte lui fit don d’une voix harmonieuse. La fée Carabosse, débarquant à l’improviste et frustrée de sa mise à l’écart, lui jeta une malédiction ; elle lui promit qu’avant ses seize ans, Aurore se piquerait à la pointe d’une quenouille et plongerait dans un sommeil d’un siècle. La fée bleue, à qui il incombait de sauver les meubles, rattrapa pour partie les dégâts en prophétisant que cette infinie sieste prendrait plus rapidement fin sur un baiser de Prince Charmant. A la bonne heure.
Aurore fut élevée par les fées dans un endroit secret jusqu’à la veille de ses seize ans, pour éviter qu’elle ne soit repérée par Carabosse et ne tombe inopinément sur quelque quenouille qui trainait par là. Elle grandit donc avec ses bienfaitrices dans une charmante demeure forestière, vêtue telle une paysanne, « blonde comme les blés au soleil, les lèvres semblables à un bouton de rose », chantant comme un rossignol avec les oiseaux qui se posaient à sa main, ramassant les mûres avec l’aide des écureuils, plaisantant avec le hibou, interdite de communiquer avec tout étranger, et caetera.


Un jour, un Prince vaquant sur son noble destrier dans la forêt, est hypnotisé par son chant divin. Il la cherche, il la trouve, il valse avec elle, c’est le méga coup de foudre. Apparemment, ils se sont déjà vus, « au beau milieu d’un rêve ». Ce truc de dingue. Ils se quittent en hâte, car Aurore ne doit pas parler aux étrangers, pourtant cette petite trainée lui accorde un rendez-vous le soir-même.
Elle rentre à la maison, guillerette et mièvre, annonce à ses fées qu’elle vient de rencontrer l’homme de sa vie, raconte l’histoire du rêve et tout ça. Mais ce soir à minuit, Aurore aura seize ans, la malédiction sera levée, les fées lui révèlent son identité de Princesse, lui apprennent qu’elle est déjà promise à un Prince, et que ce soir elle n’ira pas fricoter avec un étranger, mais se marier avec l’autre fils-à-papa en culotte d’héritier royal, au Château ! Ah, qu’Aurore est malheureuse, qu’Aurore pleure, qu’Aurore est triste. Mais tout ce petit monde part à pieds vers le Château.
Le Prince va d’abord chez son père pour lui annoncer qu’il n’épousera nullement une Princesse ce soir, car il a rencontré aujourd’hui la nana parfaite qui se trouve être une paysanne des bois. Puis il va toquer à la porte d’Aurore à la nuit tombante, mais Carabosse lui a tendu une embuscade. « Pourquoi s’en prend-elle au Prince Philippe ? », vous demandez-vous. Mais calmez vos ardeurs et patientez un peu.
Aurore, de retour au Château pour se mettre en beauté et se farder pour sa noce (bien qu’elle soit à tomber par terre), est ensorcelée dans sa chambre-même par Carabosse, qui la mène à une quenouille. Surprise !
Et alors, c’est là que je voulais en venir. Aurore est une créature divine aux cheveux gnagnagna et aux lèvres gnagnagna, à la voix cristalline certes, mais aucune de ces futiles fées n’a pensé édifiant de lui transmettre l’Intelligence. Il suffisait d’un coup de baguette magique sur son berceau et hop, c’était réglé, la grande gigue aurait eu l’esprit vif et critique. Mais niet. Elle se trouve face à cette aiguille ; une voix venue d’on ne sait où la presse de toucher la pointe de la quenouille, et ni une ni deux, cette grosse greluche curieuse obéit. S’ensuit un coma causé par une misérable égratignure et trois gouttes de sang perdues. J’espère qu’elle avait son vaccin contre le tétanos, la quenouille était rouillée, à tous les coups.
Et cette sacrée Carabosse, qui se gausse dans sa tour de pierre froide, humide et sombre, retient captif le Prince qui sauverait la Princesse, pour une durée d’un siècle. Bien sûr, elle lui rendra la liberté d’ici cent ans, mais Philippe se rend bien compte que dans cent ans il sera laid, fripé, édenté et qu’il aura de graves troubles de l’érection. Or Philippe veut se taper la Belle. Il vient d’apprendre, par la prévenante Carabosse, que la paysanne et la Princesse n’étaient qu’une seule et même personne.
Alors, ce qu’il se passe, c’est que les trois fées lui viennent en aide, il s’enfuit du repaire de la Méchante, mais la Méchante s’y oppose et croit de bon goût de se changer en dragon. Mais Philippe, c’est de la testostérone qui coule dans ses veines, il est valeureux et surtout il est obsédé par Aurore. Alors, en toute simplicité, il triomphe de l’odieuse créature, il court à la plus haute chambre du plus haut donjon, s’approche de la couche où la Princesse repose paisiblement dans un sommeil profond. Elle ne ronfle pas. Elle est magnifique. Lui, je sais pas à quoi il ressemble, mais après un affrontement avec le dragon, il ne doit pas être tout frais. En tout cas, il dépose sur ses lèvres « du rose le plus vif », un baiser dans lequel il met tout son amour ; elle rouvre les yeux (qui après ce bon dodo ne sont pourtant point bouffis).

Ils marièrent, valsèrent, et eurent sûrement une nombreuse et noble progéniture. Probablement que Philippe a un peu dérapé parfois, et qu’il y a eu des gosses illégitimes, mais on m’a garanti qu’ils avaient été noyés.

Les mecs, prenez-en de la graine. Le Prince Charmant quand même, c’est trop la classe. Rappelez-vous l’épisode du dragon.
Les filles, n’en prenez surtout pas de la graine. Je sais, on vous a ressassé ces histoires de toute merveille, et vous y avez cru. Ce qui explique qu’aujourd’hui vous ayez foi en l’Amour, et que vous ayez le cœur plus souvent brisé qu’en fleur.
Merci d’avoir lu jusqu’au bout.


Walt Disney Copyright ©

samedi 2 mai 2009

Syndrôme Lopette.


Aujourd’hui j’ai envie d’écrire un article drôle et piquant. Ca ne marchera pas _ ça ne marche jamais _, mais j’me lance.
Dans la vie, il y a ceux qui se lancent, et les autres. Ceux qui prennent une profonde inspiration et s’avancent d’un pas décidé, et ceux qui restent proprets dans leur coin, spectateurs installés dans leur petit confort émotionnel. Ce confort émotionnel, le manque d’adrénaline et de prise de risque, c’est en fait une petite crotte qui devient de plus en plus malodorante tant que vous restez niché dedans. Et se complaire dans du caca, vous savez [enfin non, je ne sais pas si ça fait partie de vos habitudes, en revanche cela fait partie des miennes], ça n’a finalement rien de satisfaisant ni d’enrichissant.
Je fais ainsi partie des personnes au Syndrôme Lopette (ne pouvant me gratifier du terme « coui*les molles » du fait de ma condition à tendance féminine). Je ne me mouille pas. Quand quelqu’un me plaît de près, je me tais et c’est tout. Et vous savez ce que ça fait de moi ? Une éternelle célibataire. Mais eh, dans la vie, je n’ai jamais été éconduite.
Mais n’allons pas restreindre le Syndrôme Lopette au simple plan sentimental. Dès qu’un challenge se présente, je l’élude, je me défile, je tente peanut. Il s’agit en fait de calcul ; j’évalue rapidement le risque d’échec, qui dans mon cas se trouve maximal pour chaque situation à laquelle je suis confrontée. Et je m’évite une séquence d’humiliations qui font mal à l’orgueil démesuré que j’entretiens avec soin. « Tiens, y a une place à droite, on a le temps de faire un créneau. _ NAAANN ! » « Qui veut passer au tableau ? ( _ Naaan …) ».
Je ne cours pas après les bus, les trams qui me passent sous le nez. Sauf quand il est 22h20 et que le prochain est à 22h50. J’apprends à ne pas me battre pour des causes qui sont déjà perdues.
Mais il y a un truc sur lequel je réussis à prendre sur moi. Evidemment, ça me demande toujours un effort de détermination. C’est de passer à la caisse avec mon pack de papier toilette Petite Fleur. Celui-là, c’est mon préféré, mais franchement je trouve que le titre est vraiment ambigu, et je crains qu’à chaque fois que le caissier le retourne dans ses mains, il pense « Tiens c’est drôle, du PQ Petite Fleur pour purifier la Petite Fleur de la demoiselle ».

Ok je suis une tarée du PQ. Chacun son truc. Moi la nuit, je rêve de gambader dans des paysages et des prairies entièrement conçus de papier toilette Petite Fleur. C’est doux, c’est cotonneux, et (n’y voyez aucune équivoque) c’est carrément Petite Fleur quoi.

vendredi 1 mai 2009

In the mood for shooting in every dog i meet.


C'est pas possible qu'il pleuve à longueur de journée alors que le mois de mai est supposé nous faire des offres plus ensoleillées, plus débardeur et bermuda tu vois.
C'est pas possible d'avoir des palpitations quand je tombe sur une simple photo de ce mec dont je suis tombée raide dingue quand j'avais quatorze ans. C'est pas possible non plus, à trois semaines des épreuves, que je fasse une fixation sur l'autre qui bosse son concours et qui l'obtiendra du premier coup, et que je suis vouée à perdre de vue sans lui avoir tout dit.
C'est pas possible que je me planque derrière mon bureau, à faire semblant de travailler et à grossir.
Chuis paumée là, je ne sais plus où j'en suis, chuis grave paumée. Et au régime.


The Libertines - Can't stand me now
Izia - Back in Town

lundi 27 avril 2009

Le temps s'arrête, le souffle se coupe, le corps se meut.



Restez au moins pour la musique ; La Liste de Schindler.

Svetlana Zakharova danse Revelations. Elle a tout ce que les danseuses étoiles ont, mais elle l'a en mieux.

jeudi 16 avril 2009

* * *


Toi, lecteur : je t'aime.

J'ai besoin d'aimer en ce moment, ça te tombe dessus comme sur quelques autres, tu n'as pourtant rien demandé, tu ne l'as point provoqué. Mais c'est comme une fiente de pigeon qui pleut d'un fil électrique, ou un pot de géraniums qui bascule d'un balcon. Le plus pur fruit du hasard, la malchance au sens propre. Je t'aime. Essaie de te débattre et je t'aimerai encore plus fort.

Ouais je sais, c'est la merde pour toi.

mercredi 8 avril 2009

Ne reste pas là.



Son cœur est tombé, a roulé au sol jusqu’à mes pieds. Je me suis agenouillée et l’ai pris entre mes mains. En trois grosses bouchées, le muscle encore frémissant fut englouti. Bien fait, me suis-je dit. Le sang tartiné autour de ma bouche commençait à coaguler sur mes joues. Il fallait se laver les dents pour que l’hémoglobine ne jaunisse pas l’émail. J’ai marché jusqu’à la salle de bain, trébuché sur le tapis en peau de biquette en me rattrapant de justesse aux voiles du lit baldaquin. Arrachés, ils m’ont élégamment drapée, volutes blancs éclatants ondulant dans l’air renfermé de la chambre nuptiale. Un beau voile de mariée. Une mariée folle, barbouillée de sang et de blanc, éclatant d’un rire sinistre face à son reflet dans le vieux miroir du coin de la pièce. C’était le printemps. Le temps des amours. Des amours passionnés, des amours éternels, des amours vaches, des amours platoniques, des amours furtifs, des amours secrets, des amours catastrophes, des amours impossibles, des amours fertiles, des amours destructeurs. Tous ces amours-là. Sauf pour elle.

samedi 4 avril 2009

Saturday morning. No question ; wake up.


Faisons fi de l’inutile. Débarrassons-nous du superflu. Commençons par le chien de la voisine.

Depuis quelques jours, la voisine du 204 héberge temporairement le cabot _ plus précisément, la cabote _ de ses amis partis en vacances. Une vieille chienne qui, seule dans les 15 m² de nos cages à lapin, ne cesse de chouiner, glapir, se cogner contre la porte avec fracas, gratter le carrelage frénétiquement. Ceci, de 7h du matin à environ minuit, le temps que cette vénérable voisine passe à ce qui est sûrement son travail. En clair, la bête est aussi malheureuse que si ses maîtres légitimes _ que je maudis, et qui passeront je l’espère des vacances aussi froides et pluvieuses que peuvent l’être les semaines d’avril _, que si ses maîtres légitimes donc, l’avaient laissée sans compagnie du tout. Sauf qu’en sus, elle donne à tout le palier des envies profondes de meurtre. Au début je sais, on se dit « Oooh la pauvre Choupinette » (en plus Choupinette, c’est un nom fait exprès pour attrister le chien). Puis, quand les cloisons sont aussi épaisses et isolantes qu’une couche de graisse sur Paris Hilton, et qu’on entend le bestiau comme s’il se trouvait chez vous, on commence doucement à froncer les sourcils, à crisper les mains sur les oreilles en essayant de se concentrer sur le cours d’histologie (… sodomie. Pardonnez cette déformation étudiante.). Et enfin, quand vous vous sentez au bord de lui apporter une saucisse farcie au cyanure, vous migrez simplement à la Bibliothèque Universitaire (pour ceux qui ne déchiffreront pas « BU ») et vous investissez dans des boules quiès.

Ce chien m’enlève donc encore un peu plus de confort ; ajouté à la télé qui grésille, au vélo sur le balcon, aux canalisations qui refoulent, à ceux qui cassent tout dans leur appart quand le conjoint dit un mot de travers, aux récents étudiants qui aiment bien inviter leurs potes « comme des grands », aux crottes de chien (tiens, encore eux) sur le chemin, aux caïds que je me félicite d’éviter depuis six mois, aux miettes de pain sur le bureau, aux moutons de poussière par terre, aux projections d’huile sur la gazinière, à la vaisselle sale dans l’évier (quoi, encore ?), à la poubelle pleine qu’il faut sortir (quoi, déjà ?) ; ce chien est de trop. Et j’en appelle aux manifestants du sommet de l’OTAN : les gars, ce n’est pas à Strasbourg que ça se passe. Pour faire bouger les choses, réunissez-vous à Mérignac, résidence Le Châtelet, pour lapider publiquement le Canidé à l’origine de tous les maux, les injustices et les travers de ce monde. Sauvons l’humanité de ce à quoi il la mène ; au chaos.

mardi 24 mars 2009

Tu vois quand je souris, tu fais pareil =)

Putain, la vie c'est court et en plus après on meurt
Alors arrête un peu de râler, de dire qu'tout ça c'est pour du beurre
Y a bien un sens, ça j'en suis sûre
C'est pas toujours très clair mais qui a dit qu'c'était pas dur ?

samedi 14 mars 2009

The more I live, the more stupid I become.


Y a un truc que jamais, jamais de ma vie je n'aurai le cran d'essayer.

C'est d'éternuer les yeux ouverts. Quand on éternue, il paraît que l'air sort de nos voies aériennes à plus de 300 km/h. Vous imaginez, mes globes oculaires, qui vont s'écraser sur le mur d'en face à une telle vitesse ? Ils seraient irrécupérables. Et moi je serais bien emmerdée. Alors, tant pis pour ce challenge. Ou alors, peut-être en fin de vie, quand je voudrai en mettre plein la vue (!) à mes arrière-petits-enfants. "Bah, dégueu, Mémé c'est quoi là sur ton mur ?"

mercredi 11 mars 2009

What would you ask if you had just one question.


Il y a des soirs comme ça, où vous avez envie de passer de l’autre côté. De fermer les yeux, et de ne jamais vous réveiller. Quand le cœur est effondré de solitude et qu’un air tragique de piano noie vos idées. Quand l’espoir et le jour clair vous semblent si loin derrière, ou si loin devant, qu’ils demeurent inaccessibles. Quand la traversée du désert devient trop éprouvante, que les forces vous quittent et que vos yeux parcourent le vide à la recherche d’une présence. Il n’y a pas d’aide ici. C’est chacun pour sa peau. Et si ta peau te lâche, tant pis pour ta chair et tes viscères.

JF imparfaite exige JH parfait. Ce n’est pourtant pas compliqué.

vendredi 6 mars 2009

Fille perdue, cheveux gras.



Il était de dos, assis la tête penchée sur quelque ouvrage intelligent. Je me suis approchée derrière lui, je l’ai enlacé en enserrant sa poitrine d’un bras. J’ai passé mon autre main dans ses cheveux, pour mieux l’embrasser sur la tempe. Il sentait bon. Il a tressailli, surpris, puis s’est retourné en se dégageant. Son regard était interrogateur.
Ce n’était pas lui.

Ca m’a réveillée en sursaut, cette affaire.
La solitude me fait rêver de choses improbables.
Il faut que j’aille lui parler. Non.
Non non.

lundi 2 mars 2009

The Fear


Je n’aime pas le mois de mars. Il est vide. Le mois de mars, c’est un truc qui dure et qui dure entre le Carnaval et le Poisson d’Avril (fête nationale de la farce de bon goût). C’est un cul entre deux tabourets. Il y fait encore froid, gris et maussade, on se prend des giboulées en pleine poire alors que quelques jours d’éclaircie nous avaient fait espérer le retour du soleil tiède. Mais non, ça servait simplement de bande-annonce.
Mon radiateur fuit, c’est marrant, comme mon nez. Il faudra m’expliquer comment il se fait que cependant, le nez reste perpétuellement bouché, tandis qu’on se ruine en mouchoirs. Mais il y a des avantages tout de même. Outre une tête qui semble peser trois fois son poids habituel, je ne sens plus les émanations nauséabondes de mes canalisations, ni de la vaisselle sale, ni de la friture de mes voisins de palier, ni même de ce que j’ingurgite. Aussi, j’en profite pour me nourrir de trucs infâmes et sans calories, étant donné que je ne peux plus apprécier les bonnes choses. Vous savez, les légumes décongelés, cuits à l’eau, sans sel ni poivre ni sauce. Je les avale en pensant qu’au moins, c’est diététique et que je ne prendrai pas de kilos cette semaine. Hormis les kilos de morve dans les sinus.Et sinon, je voulais vous dire quelque chose d’autre, mais je ne sais plus quoi.

samedi 21 février 2009

I Can Get No Satisfaction


Je suis de ceux qui ne veulent croire en rien, mais qui y croient quand même un petit peu. Sinon, comment avancerait-on, et comment serait-on arrivé jusque-là où l’on se trouve ? Une force immatérielle nous guide, celle de l’espoir déchu, mais non disparu. On essaie, encore, encore. Sans quoi tout est fini. Mais on se prépare à être déçu, encore, encore.


Hier il y avait cet homme qui est monté dans le tram, à l'arrêt de l'Hôpital Pellegrin. J'ai remarqué tout de suite le détail qui n'est apparu aux autres passagers que quelques instants plus tard. Cet homme était pieds nus. Il marchait dans la rue, sur les trottoirs sales de crachats, de chewing-gums fossilisés, de crottes de chiens sédimentées, de graviers émoussés, avec sa plante de pieds nue. Cet homme sentait à chaque pas le lien direct de l'attraction terrestre, sa pesante gravité, sans atténuation de caoutchouc, sans talonnettes de fils à papa. Il avait les ongles longs et noirs, les orteils crochus et une capuche sur la tête. Il ne portait que du noir, sa barbe mal rasée était noire, et il avait sur l'un de ses yeux un patch blanc protégé par une petite structure en plastic blanc. Je me suis demandée si c'était pour ça qu'il portait la capuche. Il s'est assis à côté d'une lycéenne coquette moyenne. Elle a tenu un arrêt supplémentaire, puis elle a changé de place.

Moi, je ne m'assieds plus dans le tram. Il y a trop de gens dérangés, de clochards, de personnes qui n'inspirent pas confiance. Je n'étais pas comme ça avant. Mais à la longue, on se méfie de tout le monde. Avant, si quelqu'un entamait spontanément une conversation, je prenais un air gêné mais je répondais. Aujourd'hui je détourne le regard, les épaules et je monte le son. J'évite les inconnus. Je suis seule ici. Qui viendra me défendre ? J'ai toujours détesté l'idée d'être dépendante de la protection d'autres, j'ai souvent revendiqué mon aptitude à me débrouiller seule. Mais la vérité c'est que j'ai 18 ans, que j'en parais deux de moins, que je fais approximativement 1m55 et que je n'atteins pas encore les 50 kg. Je ne suis pas rassurée.

Mais cet homme, pieds nus, je me suis dit qu'il avait eu une bonne idée. C'est simplement dommage qu'il se retrouve à piétiner la crasse des autres sans protection autre que son épiderme.

Greg House, prends-moi !

vendredi 13 février 2009

Vendredi 13 et St Valentin, ou comment enchaîner les mauvaises journées.


Ce soir mes parents n’appelleront pas. Pourtant j’ai envie de raconter ma journée à quelqu’un.
Hier soir après un passage bref et tardif à la Victoire, je suis rentrée chez moi pour me coucher à deux heures du matin, enfin épuisée et prête à m’endormir sans rechigner. L’effet fut miraculeux, je suis tombée comme une masse dans les bras de Morphée, pour la première fois depuis plusieurs nuits. Le réveil a sonné à sept heures du matin ; j’ai réussi à lui négocier une demi-heure supplémentaire pour me tirer de lit, hirsute et un peu bouffie. Je suis allée à l’ED de BioCell de 10h15. Je ne suis pas arrivée assez tôt pour garder des places au centre de l’amphi, là où le prof ne pense pas à interroger les élèves. Mélanie et Laura m’ont rejointe, et quand Monsieur Daniel le professeur de Biologie Cellulaire est descendu du haut de la salle jusqu’à la chaire devant les tableaux, les pauvres étudiants furent victimes d’une décharge de stress. Ils se sont redressés, tendus comme des cordes à linge, et ont avalé leur salive. Les cœurs battaient à l’unisson, hurlant : « Pas moi, pas moi, ne m’interrogez pas ». C’eût pu être pire finalement, et à la sortie de ces deux heures, l’organisme imbibé d’adrénaline, on s’est dit « Bon week-end », à mardi. Il faisait beau, un vrai soleil, c’est mieux qu’une cure de vitamines, mais il y en avait moins à l’ombre. Je suis rentrée à ma chambre qui pue, j’ai aéré et j’ai mis l’eau des pâtes à bouillir. J’ai forcé la dose et j’ai tout fini parce que j’avais très faim, et le sentiment de culpabilité de manger autant pesait pourtant bien lourd sur l’estomac. Le frigo était vide. Je suis ressortie, sous le même soleil, j’ai pris le tram jusqu’au supermarché, j’ai dû acheter beaucoup de choses parce que j’avais négligé les courses pendant plus d’une semaine, et donc je me suis déboîté les épaules sur le chemin du retour. Un mec, passant en voiture, s’est foutu de moi et n’a pas proposé de m’aider. C’est comme ça les garçons. C’est débile.
J’ai déposé les sacs dans la chambre, après avoir essayé l’ascenseur récemment rénové (champagne !), je suis redescendue pour me débarrasser des poubelles sales, je suis remontée, j’ai vidé les sacs de courses, je me suis dis « si tu travaillais ? » alors j’ai essayé de travailler, jusqu’à l’épisode de Grey’s Anatomy que j’avais déjà vu. Ensuite j’ai éteint la télé et je me suis dis « si tu travaillais ? », et j’ai réessayé de travailler. Mais j’avais trop envie de parler. J’ai posté une courte phrase sur mon blog, une que j’avais en stock depuis plusieurs semaines, parce que depuis plusieurs jours je deviens incapable de produire un texte. Les mots meurent sous mes doigts et perdent leur intérêt. Je n’arrive plus à leur donner une forme, à les organiser dans une phrase qui fera son petit effet.Ce soir mes parents n’appelleront pas. Dommage. J’ai découvert cette année que j’étais un être social.

Quelle heure il est ?


Un jour, j’ai souris à un tout petit garçon ; j’ai alors vu son visage se décomposer spontanément sous l’effet de la terreur. Là j’ai vraiment pigé que j’étais laide.

jeudi 29 janvier 2009

Quand je danserai le Charleston sur la chaire de l'amphi 3

Galien a écrit :

« […] Les poils qui poussent au menton non seulement protègent les joues et le menton, mais encore contribuent à l’esthétique. En effet, le mâle paraît plus majestueux, surtout en avançant en âge, si de toutes parts les poils en question encadrent son visage. Et c’est pour cette raison que la nature a laissés glabres et sans poils, ce qu’on appelle les pommettes et le nez. En effet, le visage ainsi serait dans son ensemble sauvage et bestial, ne convenant nullement à un être policé et vivant en société. Et chez la femme qui a un corps mou, qui garde toujours quelque chose d’enfantin, qui n’a pas de poils, même la pilosité du visage ne devait pas être inesthétique ; et d’ailleurs cet être n’a pas un caractère aussi respectable que le mâle, de sorte qu’il n’a pas besoin non plus d’une apparence respectable. Mais la gent féminine n’avait pas besoin d’une espèce de protection comme défense contre le froid, elle qui vit la plus grande partie de son temps à la maison. Mais il lui fallait une tête chevelue pour la protection et pour l’esthétique, ce dernier caractère étant commun aux hommes et aux femmes. »

Ontogenèse de la Médecine, cours de Monsieur le Professeur J.C. Baste, PCEM1 UFR I & UFR II, éditions Bergeret

dimanche 25 janvier 2009

For what it's worth



Je refais ma valise. La gorge serrée, la boule au ventre. Je refais ma valise pour un retour aux enfers.
La vérité, c'est que ça n'aurait jamais dû s'arrêter. Je n'aurais pas dû revenir aux sources le temps de quelques jours, le temps de m'apercevoir qu'il existe encore une vie et qu'on peut encore être heureux à 18 ans. Mes espoirs se brisent en même temps que je tasse les fringues, les boites Tupperware remplies des plats de maman et les dossiers de cours, et que je boucle mes bagages. Je reprends un voyage qui ne m'enchante guère et qui me blase d'exister à chaque seconde qui passe. Je suinte d'amour pour les gens avec qui j'ai passé la semaine. J'en tremble encore. La séparation me déchire, mais à la gare, je leur épargnerai les hoquets pathétiques et les pleurs hystériques. Je ne suis plus angoissée. Je suis à plat.
Alors, j'y retourne. Pour longtemps. Et j'espère que ce longtemps passera très vite.
Vous me faites vivre.