vendredi 4 septembre 2009

Article n°50 :

Ce soir on mange ensemble, avec mes parents. C’est incroyable qu’à coups de solitude forcée, j’en sois arrivée à espérer leur venue. J’attends leur coup de fil du soir, c’est la seule conversation de la journée dont je puisse bénéficier. Oui les vendeuses m’adressent la parole dans leurs magasins, mais c’est aussi leur métier qui l’exige ; je ne peux rien en tirer de gratifiant. Quoique chez Sephora, je me serais bien passée de celle qui m’annonce en caisse, devant une file d’autres clientes, que de prendre la pilule serait une solution efficace à ma micro-acné. Ce à quoi je réponds « Et ta sœur, je vais lui insinuer de la pilule par tous ses interstices ». Non, ce à quoi je réponds en vrai « Au revoir, merci », après m’être saisie du ticket de carte bleue. Voyons son prénom … Mélissa. Toutes des connes, les Mélissa. Je n’en connais pas.
Dans le tram du retour, et sur le trottoir, je sens quelques regards de garçons qui glissent sur moi. Peut-être ne suis-je pas si transparente que ça ? Peut-être ai-je un charme qui agit enfin.
Dans la salle de bain, le constat est à la fausse alerte. J’avais du noir autour de la bouche ; parce que j’ai coincé le journal entre mes lèvres pour pouvoir fermer mon sac. C’était il y a au moins vingt minutes. Un tiers d’heure que je me trimballe avec la figure sale, et si ça se trouve, à un moment j’ai même dû sourire avec cette tronche de ramoneuse.
Je me sens conne, nom d’une tringle. Je suis la fille qui oublie de fermer son parapluie quand il cesse de pleuvoir. Qui récupère sa monnaie et repart sans la baguette de pain qu’elle vient d’acheter. Qui sort une vacherie alors que dans sa tête, ça sonnait plutôt comme un compliment.

Aucun commentaire: