jeudi 15 avril 2010

Article n°61 :

Je le vois dans vos écrits. En chef de paragraphe ou métaphore filée entre les lignes : le verbe vivre ; omniprésent car cette quête de l’existence vous obsède, cette recherche de l’utilité, du rapport maximum bénéfice/risques. Vous avez 20 ans, soif de vie, et pourtant vous n’êtes pas satisfaits de celle que vous tenez au creux de vos paumes.
Jeunes gens, rappelez-vous qu’il est facile de tomber dans le bonheur. Le bonheur simple. Peut-être qu’aujourd’hui nous en savons trop pour notre âge, que des étapes ont été brûlées, que certaines images ont consumé les illusions juvéniles qui auraient pu servir de socle fondateur et de solidité optimiste. Nous sommes la génération qui aura vu, à l’âge de 10 ans, des avions s’encastrer dans les Twin Towers, des attentats terroristes en Europe proche, le génocide du Darfour, le travail des enfants dans les mines, le tourisme sexuel ou les baskets Naïke, les prêtres pédophiles, le trafic d’organes, les récessions économiques, la société de consommation futile, la pornographie en libre accès, le triomphe des antidépresseurs et de l’industrie du tabac, et caetera.
Voici l’environnement qui nous a préparés à devenir de grandes personnes prématurées ; vous ne vous assumez pas en tant que telles, estimez qu’on vous a pourri le développement personnel. Vous avez fumé, fait la fête, bu, vous avez fait des bêtises, mais vous en êtes déjà revenus. Vous avez peur de vous engager et de fonder une famille dans ce monde hostile. Vous savez que vous le ferez quand même.
Parce que votre désir de vivre, de survivre, et de perpétuer ce cycle biologique fait de nous une communauté pas tout à fait perdue, incivilisée et corrompue. Il reste de l’oxygène, encore, il reste de l’eau et des arbres. Préservons nos ressources, nos amours, desserrons nos harnais rien qu’un peu. Faisons le nécessaire pour subvenir à nos besoins les plus essentiels. Rien de plus, rien de trop. Le retour aux racines, le retour à la Terre, c’est l’appel que je lance depuis ma chambre étroite et fétide, depuis la grosse ville agitée et bruyante. Captez les rais de lumière, réchauffez-vous du sourire de vos proches ; c’est la plus douce des énergies renouvelables. Vivez maintenant, faites vos jeux, tout ira bien, misez ce que vous voulez, choisissez la direction et gardez-là. Une tête froide, un cœur chaud. Ne réfléchissez pas, c’est une perte de temps alors que vous le savez bien, nous mourrons demain.