jeudi 26 novembre 2009

Article n°57 :



En cours d’histologie sur les épithéliums, on apprend que le papillomavirus est détectable en microscopie optique sur des lames cytologiques de frottis cervicaux vaginaux. Le professeur ne manquera pas de nous rappeler les moyens de prévention contre le virus HPV : vaccination des jeunes femmes, utilisation de préservatif(s), et enfin abstinence. Abstinence, c’était mis exprès, il savait très bien que ça allait faire son petit effet dans les amphis : exclamations, protestations, gloussements, blagues à la volée. Venant de jeunes gens qui ont été initiés à une vie sexuelle quelques années voire quelques mois plus tôt, j’ai trouvé ça assez ironique. Mais ça leur donnait le droit de trouver la diapo risible.
S’ensuivent des explications sur les conditions de vaccination : prescription est faite pour les jeunes filles de 14 ans, et de 15 à 23 ans n’ayant jamais eu de rapports sexuels, ou bien au plus tard un an après le premier rapport. Lors de la mention de « vierges entre 15 et 23 ans », un bougre des derniers rangs nous fera partager sa position : « Ca n’existe pas ! ».
Je me suis raidie sur mon siège. J’ai cherché des yeux, parmi les rangées, des gens qui avaient l’air aussi perdu que moi, des expressions de visage non approbatrices. C’est impossible, j’ai pensé, d’être la seule de cinq cents élèves à pouvoir contredire cette vérité lancée du haut des escaliers.

Je ne sais pas si je devais être fière, ou si je devais avoir honte. Je ne sais pas s’il fallait que j’éprouve quelque chose. Je me suis encore sentie marginale. Je n’ai toujours pas trouvé ma place ; je ne me trouve aucun modèle sinon celui d’une nonne. Cette différence, je ne sais plus comment l’assumer, je ne cherche pas à la faire disparaître, mais j’aimerais qu’un jour elle cesse d’être un poids. Il faudra à un moment, trouver le courage d’être moi, ou devenir quelqu’un d’autre. Quelqu’un de mieux, de plus stable et de plus adaptable aux mœurs et agissements de nos populations un peu dépourvues de sensibilité.

jeudi 19 novembre 2009

Article n°56 :


Dans mon groupe, j’ai trouvé deux canons. Y en a un, il est juste canon.
Et alors l’autre … L’autre, dès que je l’aperçois, je fonds comme un m&m’s dans la bouche. Le regarder me fait du bien, le sang pulse mieux dans mes veines, mon cerveau est mieux oxygéné, mes neurones libèrent des neurotransmetteurs euphorisants. Il me plaît ; je ne le connais pas, pourtant je veux ce garçon et je l’espère. Je jalouse les filles qui gravitent autour de lui. Je jalouse les vêtements qui connaissent sa peau. Il n’est pas bien grand, il a les cheveux dans les yeux et des lunettes, il vous rappellerait quelqu’un si vous m’avez bien connue.
Mais ce n’est ni le lieu, ni le moment de faire la brasse dans une piscine de guimauve rose, de dessiner son prénom dans des cœurs sur les pages de mon agenda. Ceci d’autant plus que chaque matin, le miroir de la salle de bain me rappelle que je ressemble à Shrek. Alors en plus de travailler au reste, je travaille à me le sortir de la tête. Et même si c’est devenu une habitude, ça reste douleur de suturer ses sentiments.