mardi 30 décembre 2008

Je vais m'retrouver au bagne, je vais casser des cailloux ; oh miaou.



Dans mon rêve, il pleuvait dehors mais je ne suis pas remontée chercher un parapluie. Il faisait froid. J'ai arpenté les trottoirs, je devais certainement chercher quelque chose. Ou quelqu'un. Ou quelques-uns. Le ciel était blanc, la neige était grise, les flocons ammassés se dissolvaient dans les gouttes de pluie, les oiseaux piaillaient du haut de leur nid, je continuais de marcher. Mais la compagnie est rare dans les rues désertes, et je sentais bien que je touchais de moins en moins le sol. J'ai levé les yeux vers le ciel blanc et j'y suis tombée. J'ai été aspirée par l'infini, je me suis perdue dans l'immensité, j'ai écarquillé les yeux de terreur et ce fut fini. Le réveil a sonné, je l'ai reprogrammé pour une demi-heure plus tard. Je me suis retournée dans le lit, j'ai refermé les yeux. Mardi 30 décembre 2008, ai-je pensé. Combien de morts et combien de naissances s'annonceront aujourd'hui ?

jeudi 25 décembre 2008

Sans titre


J'ai le coeur lourd, l'estomac réticent, le sommeil difficile, et je pleure comme un bébé. Oh, le gros bébé que je fais.

vendredi 12 décembre 2008

Chaîne n°2



Introduction : situation de l'objet dans un contexte social, culturel et historique.
Un matin de XXIème siècle, par temps de crise économique aggravée et de vie sociale restreinte, Sophie se trouva enchaînée sur un sujet futile. Sujet futile qui se trouvait être : 6 domaines d'inculture à vous décrire. Tâche aisée ; ou pas.
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Je fais partie des parias de ma génération qui n'ont touché qu'occasionnellement _et sous la contrainte, je le jure_ aux jeux vidéos. Ainsi donc, si vous voulez tenter une approche à mon égard, évitez de me lister vos fantastiques explois sur Gameboy, Playstat***, Ninten*** ou XB**. J'en suis inculte et je m'en taille le silex. Parfaitement.
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Deuxièmement, vous m'humilierez sans difficulté à un quizz de géographie. Je me souviens que Jérémy en avait jubilé, une fois. Et depuis, une phrase récurrente qui hante mes songes est "Camberra, capitale de l'Autralie. Camberra ...". Demandez-moi de situer un pays, demandez-moi sa capitale, et j'ouvrirai la bouche pour répondre mais resterai muette.
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La médecine. C'est quand on débarque en PCEM 1 qu'on s'aperçoit de la petite chose que l'on est et que l'on restera devant un tel empire de connaissances.
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L'art. Je ne connais que l'art qui m'a été présenté et celui qui m'a plu. Peinture, Musique, Sculpture, Littérature et même Danse, sont des domaines vastes et multiples dont les grandes figures me sont probablement inconnues.

Dépoussiérage, lessive et housse de couette. Autant de techniques qui me restent à perfectionner de manière poussée.

Amour, passion et désirs charnels. Ca se passe de tout commentaire [et ça vaut aussi pour vous].

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Pour faire le point sur l'article précédent : son but n'est pas de déclencher une polémique, je ne suis pas une extrémiste à la morale rigide ! J'ai simplement changé d'avis sur quelque chose qui me semblait auparavant une évidence (peut-être que le film Juno n'y est pas étranger). Je vous ai retracé mon raisonnement, il ne cherche à convaincre personne, et si ce n'est pas à mon blog que je me confie, c'est à qui ?

lundi 8 décembre 2008

Let's kids.




Découvrez MGMT!


Cette après-midi j'ai eu le temps pour un bref passage dans le couloir aux reliques anatomiques. Je dis ça, parce que je ne sais pas comment s'appelle ce couloir où sont disposés des crânes, des os, des membres embaumés et disséqués, des modèles de cire et autres merveilles de la nature. Peut-être que moi aussi je donnerai mon corps à la science. Pauvre science, avec un corps pareil sur les bras, elle n'est pas prête d'avancer ...

Je me suis dirigée tout droit vers la vitrine où on m'avait indiqué les foetus. Ils étaient là, malformés ou magnifiques, prématurés ou à terme, oeuf, larve ou embryon. Ces petits chous, en suspension dans du liquide jaunâtre voire verdâtre, recroquevillés dans la position qui a été la même pour chacun d'entre nous, les yeux clos, le visage paisible, me semblaient sur le point de soulever la poitrine pour y amener de l'air et pousser leur cri. Mais rien de tel. Ils n'ont pas vu la vie. Leur programme génétique était défini, leur anatomie s'organisait, le coeur se mettait à battre en eux. Et pourtant cela s'est arrêté avant que tout n'ait véritablement commencé. Ca m'a fait réfléchir à ce qui me turlupine depuis déjà quelques mois, depuis que j'ai de plus en plus de mal à saisir pourquoi le chiffre des avortements en France se maintient et ne baisse pas. A-t-on le droit d'interrompre délibérément l'oeuvre de la nature ? Peut-on anéantir ce qui était destiné à vivre ? Ce que l'on porte en nous au moment de l'IVG, c'est la vie. C'est une vie. Alors pour moi, pratiquer un avortement devient semblable à tuer un enfant. Réfléchissez-y. Je ne condamne pas le droit qu'a la femme de choisir l'âge auquel elle deviendra mère, mais je lui rappelle en ce cas le devoir qui lui incombe de choisir une contraception adaptée. Pour faire chuter le nombre d'embryon-icides qui donne des vertiges. A notre époque, ce n'est plus tolérable. On a tout ce qu'il faut à notre disposition.

Messieurs, sentez-vous concernés.

mercredi 3 décembre 2008

Laura Ingalls was a slut.



Alors nous y voilà, au mois de décembre. Au dernier douzième de l'année 2008, l'année internationale de la pomme de terre, l'année de l'élection de Barack Obama, de mes 18 ans, de mon bac et de mon entrée à l'université. 2008, un grand cru, même si je ne pourrai pas savourer correctement son 25 et son 31 décembre.

J'ai appris que Luca avait transmis le relais de la chaîne à trois personnes, dont aucune n'était moi. Je nourrirai une rancoeur sans fin à ton égard, Luca, ouais et je vais même m'intégrer de force en tant que maillon de cette chaîne, c'est-à-dire pour les non-encore-initiés, je vais décrire ci-dessous mes six livres préférés, auxquels j'ajouterai le bonus d'un septième. Parce que je suis une fille d'exception, il faut que je fasse preuve de goûts exceptionnels. Bien sûr que non, Luca, je n'ai pas le temps de m'atteler à ces futilités. Je n'ai pas le temps, mais je le prends, en même temps que ma tasse de café. Je suis épuisée.
Pour en revenir donc à l'objet de cet article qui s'annonce déjà profondément soporifique (mais croyez-le, vous ne connaîtrez jamais vraiment le sens du mot "soporifique" tant que vous n'aurez pas assisté à un cours de chimie au programme PCEM1), je me suis aperçue en établissant la liste des livres, qu'il y en avait peu que j'avais lu sans me comparer au personnage principal. Le personnage principal était souvent une fille, et même sans lui ressembler, j'ai malgré moi souvent évalué ma personnalité par rapport à la sienne. Ne soyez donc point surpris si je me retrouve à parler autant de moi que du livre quand je le commenterai. Et puis, oh, vous me connaissez, je kiffe me taper l'affiche et rasasier mon égocentrisme. Ca me donnera une occasion supplémentaire de déblatérer sur ma personne.

Par ordre chronologique, j'ai donc élu :
A la croisée des Mondes, de Philip Pullman. J'étais à l'école primaire au moment où j'ai entamé la trilogie. C'est le grand coup de coeur littéraire de mon enfance. Lyra, l'héroïne, a sûrement été décisive dans ce qu'est devenu mon idée de la fille parfaite, celle que je voulais devenir. Du culot, de la spontanéité, du charisme, du charme, du courage au service d'une grande intelligence. En clair, un sacré caractère. Notons que quand j'ai voulu relire le premier tome cet été, je n'ai plus retrouvé la magie qui m'avait autrefois arrachée au réel.

S'ensuit la saga Georgia Nicholson. Cette nana, c'est la Bridget Jones des adolescentes. Elle était censée nous décomplexer, seulement voilà elle avait d'après ses dires "une poitrine énorme" et aussi elle plaisait plus aux garçons qu'elle ne voulait le laisser croire. Donc, avec une jolie fille aux conquêtes faciles, il était compliqué pour moi de m'identifier à elle. Par contre, son journal intime est une suite ininterrompue de gags et de catastrophes quant à sa vie sociale, c'était vraiment à pleurer de rire. Je l'ai aussi refeuilleté cet été, et je me suis aperçue que la vie du haut de ses 14 ans était plus remplie que ma vie à 17-18 ans. Frustrant.

Et après, c'est la bascule. La confrontation à la réalité et mon immersion dans un monde cruel.

Tout commence avec Valérie Valère qui relate son séjour dans Le pavillon des enfants fous. Un récit en apnée. Un volonté de fer. C'est l'histoire d'une fille qui arrête de s'alimenter. Mais pas la petite garce d'aujourd'hui qui se proclame "pro-ana" pour mieux être à la mode et qui veut être décharnée parce que "c'est trop beau". Celle qui veut mourir à petit feu pour s'extraire d'un monde qu'elle vomit. Celle qui, fidèle à ses convictions, belle, brillante et lucide, veut disparaître à défaut de voir disparaître les vices intolérables de la tribu Homo-Sapienne. J'ai reconnu en elle la pessimiste torturée, la perfectionniste acharnée. C'était un coup de poing dans le ventre, un livre qui fait réfléchir longtemps après en avoir tourné la dernière page.

Ravage, de René Barjavel. Livre imposé par la prof de français en quatrième. Merci. Au XXI ème siècle, le quotidien repose sur l'électricité de A à Z, dans le monde entier. Une coupure d'électricité inexpliquée et définitive retourne la situation. Plus d'eau, plus de nourriture, plus de moyen de locomotion pour une société qui a perdu l'habitude de marcher et de monter les escaliers de ses gratte-ciel, qui enferme ses défunts dans des chambres froides _ désormais soumis à putréfaction et source d'infections. Effusions de sang, pillages, et affrontements décrits dans un style violent. C'est explicite, c'est de l'horreur bien présentée avec du vocabulaire recherché, des phrases ordonnées, des descriptions d'immondités. C'est puissamment pessimiste, et matière à réflexion sur la personne qu'on serait si c'était la fin du monde. Je sais qu'en ce qui me concerne je serais une pourriture, chacun sa merde. Ou pas. Qui peut le savoir ?

L'accompagnatrice, de Nina Berberova. Cette héroïne est loin de mes idéaux. Elle est moi. Laide, insipide, invisible presque, elle vit dans l'ombre de personnalités éclatantes. Elle est envieuse de tout le monde mais surtout de cette cantatrice, au service de laquelle elle joue du piano. Elle développe une jalousie maladive jusqu'à vouloir détruire le bonheur de ceux qui sont heureux et qui ont ce qu'elle n'a pas. Elle est malsaine, elle est poison. Elle est d'abord rongée de l'intérieur puis elle grignote les autres. Sans qu'on la soupçonne. Et elle s'en tire.

Une vie, de Guy de Maupassant. L'histoire d'une jeune fille de 17 ans qui, à sa sortie du couvent, attend de la vie qu'elle soit intense et trépidante. Cette chère Jeanne s'amourache donc d'un beau jeune homme bien séduisant ma foi, et accepte la demande en mariage, pensant qu'il tiendra les promesses qu'il a faites. Certes non, il ne tiendra pas parole, la ptite ordure. Ce n'est une surprise pour personne sinon pour Jeanne. Sa vie entière sera donc un désastre, tout ça parce qu'un jour elle a cru en l'amour. Pauvre fille. Vie de merde. Pauvre fille.

Je crois que j'ai atteint le quota de livres. J'en ajoute un. Ce n'est pas un roman, c'est une pièce de théâtre. Lue en troisième avec toute la classe. Edmond Rostand a écrit Cyrano de Bergerac, et je le remercie. Lisa aussi. Votez Edmond par SMS au 0123 : 0,50 € + prix d'un sms.

vendredi 28 novembre 2008

Open your eyes.


Je suis assaillie de flashs ces derniers temps. Non que je sois photographiée sous tous les angles possibles par mes pairs, mes paparazzis et mes adeptes. Mais plutôt, ma mémoire me joue des tours et fait ressurgir inopinément des images rangées au fond des tiroirs. C'est étrange, ça me paralyse dans ce que je suis en train de faire, ça me passe partout, ce flot d'émotions et de souvenirs. C'est du condensé de bonheur dont je n'ai plus tellement l'habitude. J'appelle ça le principe de l'étoile filante. Ce sont des choses qui me réapparaissent une dernière fois en grand, avant de sombrer dans l'oubli. Et ça me terrifie de devoir les laisser partir. Je revois les soirs où papa était parti en stage de plusieurs jours, et où j'allais dormir avec maman, blottie dans le creux de son corps. Je me rappelle les crises de rires hystériques avec Lisa et Naya, et comment on se récitait les répliques de Kuzco Kronk et Yzma. Je me rappelle le sourire de M. au parc Baumont près de l'arbre dépressif qu'on avait baptisé. Je me rappelle les tirades exceptionnelles de la prof de philo, et ses disours ponctués de phrases devenues pour nous des citations cultes. Il faut que j'en retrouve la liste. Je me rappelle le soir où j'ai réuni des amis pour mes 18 ans, et où je suis restée la nuit entière avec Lisa sur le balcon, à parler ou à ne pas parler. Je me rappelle les goûters au camping Eskualduna. Je me rappelle les balades en ville ou en campagne avec ma famille, pendant qu'on était encore tous réunis. On a eu raison de le faire. Le temps passe vite. Les gens qu'on aime filent. Les souvenirs aussi. C'est ça, l'étoile filante. Ma mémoire est un ciel sombre parsemé de points scintillants. Et il y en a tellement, on n'y fait plus trop attention, ça reste dans le décor pour faire tapisserie pendant des mois, des années. Et puis, à l'improviste, et au hasard, une étoile décide de filer. Pendant quelques secondes elle refait surface, elle devient éclatante parmi les autres et se distingue par son intensité subite. Ce qui arrive ensuite, c'est qu'elle s'éteint pour de bon. Elle se détruit, devient poussière et vous laisse là comme un con. Vous esquissez un sourire, vous riez tout seul, vous vous dites "Tiens, je l'avais oublié, ça". Alors que justement, vous ne l'aviez pas encore oublié.

Je veux garder mes meilleurs moments en tête. Ou au moins si je ne peux pas les imprimer définitivement, je les écrirai. Je me rappellerai mieux à quel point ma vie a été formidable. Vous savez, si je prends des photos, ce n'est pas parce que je trouve qu'elles valent la peine d'être regardées. C'est parce qu'elles figent parfaitement dans le temps un instant dont on veut se rappeler. C'est parce qu'elles sont fidèles au réel ; au moins elles le sont plus que vos propres souvenirs ne le sont. Parfois ce sont les photos qui créent le souvenir. C'est comme cet après-midi, après les poires Belle-Hélène que Lisa avait préparées pour mes 17 ans, où j'avais montré que j'adorais les mises en scène des pubs D&G. Et t'inquiètes, on est descendus dans le parc tous les quatre pour bien montrer qu'on était tout aussi doués que le photographe de D&G. Et on se souviendra de cet après-midi comme celui où on a fait des photos de tarés dont on est tous fiers (bande d'imbéciles heureux).
Vous êtes mes étoiles. Ne filez pas trop vite.

mardi 11 novembre 2008

jeudi 6 novembre 2008

Le fléchisseur ulnaire du carpe se termine sur le pisiforme et envoie une expansion sur l'hamulus de l'hamatum, et sur la face ventrale de la base ...


... des 4ème et 5ème métacarpiens. Décidément l'avant-bras est monstrueux à apprendre. Vous imaginez, 20 muscles qui constituent ce segment idiot du membre thoracique ? Eh beh, con, ça en fait des choses à savoir, c'est moi qui vous le dis.

Je ne me suis jamais sentie si ... seule. Mes amis sont loin. Mes amis ne sont plus amis. Je ne trouve plus dans le regard des gens qui m'entourent, la lueur qui me signifiait : "Toi, heureusement que t'es là". Je vois mal pourquoi j'existe. Je me cherche une place, je m'y accroche, mais est-ce que cette place sur les bancs de l'amphi est vraiment celle qu'il me faut ? Quand je me sors du lit il ne fait pas encore jour, et quand je rentre chez moi il ne fait plus jour. Mais où diable est passé le jour ? Je suis laide, boudinée dans mes jeans, bouffie et stupide. C'est triste. J'ai un peu honte de me montrer en public, j'ai un peu honte de vivre, ce n'est même pas récent. Depuis des années je ne suis pas ce que je voudrais être, depuis des années j'essaie de changer, et depuis des années je suis à moi seule un échec. Ca me bouffe. Je me donne quelques mois pour devenir quelqu'un. C'est ça ou le couvent.
Je veux vos rires, votre prolixité, vos bisous papillons, je veux vous envoyer chier avec l'air faussement sérieux. Je veux les gens qui m'aiment, pour de vrai.

Achat de poisson rouge pour tenir compagnie ?



Découvrez Iron & Wine!

vendredi 31 octobre 2008

Ooh, baby, baby it's a wild world


La fête dans l'amphi. Les carabins déguisés en putes, en cochons, en hommes des cavernes, en infirmières tendancieuses. Les bonbons qui fusent, les chewing-gum pré-digérés lancés sur les primants, les chansons paillardes qui résonnent, l'odeur de la transpiration, les fesses des doublants, les pistolets à eau qui dispersent les foules.
La petite fille bourgeoise qui caresse le chien du clochard. La pluie qui tombe dru. Le froid qui pince les joues. Le vent qui encrasse les cheveux. La fatigue qui cerne les yeux. Le caoutchouc des Converses qui glisse sur la chaussée humide de feuilles mortes. Le nez dans l'écharpe. Ou dans les bouquins. Le temps qui passe. Soeur Emmanuelle est morte, combien de gens exceptionnels reste-t-il sur Terre ? Nelson Mandela, O. Pagès, Paris Hilton et Nikos Aliagas. Je veux croire qu'il existe des anonymes qui ont tout autant d'humanité.
Mais qu'est-ce qu'on va faire de toi ?


Découvrez Dragonette!

samedi 18 octobre 2008

C'est la mère Michel qui a perdu son chat.

Quand j'étais petite, il y avait des week-end où mon père travaillait. Il rentrait à l'appartement le midi, il mangeait avec sa femme et sa fille, puis il allait piquer une courte sieste sur le canapé parce qu'il s'était levé tôt le matin. Et pendant ce temps, Maman lui préparait un café. C'était moi qui apportait le café. C'était très important, c'était une grande responsabilité cette histoire de café, il ne fallait pas le faire tomber sinon mon orgueil aurait été fortement ébranlé. Alors je faisais de tout petits pas rapprochés, le regard fixé sur l'onde liquide qui oscillait dans la tasse, les doigts crispés sur la coupelle, le souffle coupé et le défi au ventre. De cette démarche calculée et pondérée, je m'approchais de la table basse, et dans un état de concentration à son paroxysme, je fléchissais les genoux pour déposer le breuvage fumant sur un coin dégagé. Dès cet instant je pouvais envisager de réadopter une respiration normale. Accroupie, je saisissais le carré de sucre entre mes doigts d'enfant, j'en trempais juste l'extrémité et j'adorais regarder comment il s'emplissait progressivement de café. Lorsque la tâche brune atteignait ma peau, je le lâchais vite dans un plop un peu mou, et je le regarder sombrer au fond de la tasse où il se dissociait dans la mare noirâtre. Et puis je mélangeais avec la petite cuillère en inox, en faisant attention de ne pas trop heurter l'intérieur de la tasse, pour ne pas réveiller Papa. Mais bien sûr qu'il était réveillé à ce moment-là. Quand le café était prêt, je jetais un coup d'oeil par-dessus mon épaule, je vérifiais que Papa avait toujours les paupières closes, et je sirotais dans une discrétion toute relative, une et une seule cuillère de ce que je venais de préparer. Je me retenais de faire la grimace avec un goût si amer sur la langue. Et mon père, amusé, me demandait : "Tiens, tu aimes le café, toi ?". Et moi, dans un mensonge honteux et scandaleux, je hochais la tête, parce que ça faisait un point commun de plus avec mon Papa. Et c'était bien d'avoir des points communs avec Papa, comme ça j'étais sûre qu'il m'aimerait pour toujours.

samedi 11 octobre 2008

Motivation en décrépitude


Vous y croyez fort, à l'indépendance, à la liberté, à l'émancipation. A la majorité que vous aimez fêter, entouré des gens que vous aimez et vice-versa. Au pouvoir que vous donne le droit de vote, le permis de conduire, les clés de votre studio, la carte bleue d'un compte que vous n'alimentez pas encore tout seul. Vous avez hâte. Que la grande vie commence, que l'horizon s'offre à vous sans oeillères à votre champ de vision.

Ca ne se passe pas comme ça. Ou alors, ça peut marcher quelques semaines, qu'est-ce que j'en sais ? Les feuilles de cours se remplissent et s'empilent dans vos classeurs, les blocs-notes s'usent à la pelle, les manuels s'écornent et se plissent, la tête bourdonne. Vous êtes seul comme un grand dans une grande fac d'une grande ville. Vous êtes jeune, très jeune. Et pourtant vous réalisez qu'à un moment, il va falloir mener votre barque par vous-même, et que ça commence maintenant. Qu'un jour il vous faudra gagner votre vie, que pour cela il faudra obtenir un entretien d'embauche, et que vous ne serez employé que si vous avez étudié. Vous pensez qu'un jour il faudra bien faire des choix et ne pas se planter. Mesurons donc les conséquences de chaque geste, la lourde responsabilité pour chaque acte. Grandissons, mais pas trop quand même. Z'avez vu la tronche que ça fait de vieillir ?


Découvrez Elliott Smith!

mercredi 8 octobre 2008

OK Go



Tout le monde semble pris de l'envie d'un nouveau départ, et tout le monde déménage dans une sphère bloguesque étrangère. Je ne me sens pas concernée par ce dépaysement virtuel et ce cyber starting-over, mais soit, vous me connaissez bien (et si non, cela ne sera pas long), je suis carrément une accro des phénomènes de mode. Je veux ressembler au commun de ces crétins de mortels et me fondre dans leur masse fétide. La conséquence directe de ces élans grégaires est mon arrivée en (plus ou moins) grande trombe dans l'univers de Blogspot. It is a new day. It is a new life (sic Nina Simone). It is a new blog (sic Sophie B.). Et on verra bien si mes fidèles adeptes me suivront jusqu'ici. La mise en page est minable, je le concède, mais c'est une mise en page à mon image. Alors, prenez du bon temps, les jeunes. Ici ou ailleurs.
Et autant le dire tout de suite : Sophie = am stram gram. Ne vous torturez pas la cervelle. Une seule et unique personne entretient cette litière.