lundi 27 avril 2009

Le temps s'arrête, le souffle se coupe, le corps se meut.



Restez au moins pour la musique ; La Liste de Schindler.

Svetlana Zakharova danse Revelations. Elle a tout ce que les danseuses étoiles ont, mais elle l'a en mieux.

jeudi 16 avril 2009

* * *


Toi, lecteur : je t'aime.

J'ai besoin d'aimer en ce moment, ça te tombe dessus comme sur quelques autres, tu n'as pourtant rien demandé, tu ne l'as point provoqué. Mais c'est comme une fiente de pigeon qui pleut d'un fil électrique, ou un pot de géraniums qui bascule d'un balcon. Le plus pur fruit du hasard, la malchance au sens propre. Je t'aime. Essaie de te débattre et je t'aimerai encore plus fort.

Ouais je sais, c'est la merde pour toi.

mercredi 8 avril 2009

Ne reste pas là.



Son cœur est tombé, a roulé au sol jusqu’à mes pieds. Je me suis agenouillée et l’ai pris entre mes mains. En trois grosses bouchées, le muscle encore frémissant fut englouti. Bien fait, me suis-je dit. Le sang tartiné autour de ma bouche commençait à coaguler sur mes joues. Il fallait se laver les dents pour que l’hémoglobine ne jaunisse pas l’émail. J’ai marché jusqu’à la salle de bain, trébuché sur le tapis en peau de biquette en me rattrapant de justesse aux voiles du lit baldaquin. Arrachés, ils m’ont élégamment drapée, volutes blancs éclatants ondulant dans l’air renfermé de la chambre nuptiale. Un beau voile de mariée. Une mariée folle, barbouillée de sang et de blanc, éclatant d’un rire sinistre face à son reflet dans le vieux miroir du coin de la pièce. C’était le printemps. Le temps des amours. Des amours passionnés, des amours éternels, des amours vaches, des amours platoniques, des amours furtifs, des amours secrets, des amours catastrophes, des amours impossibles, des amours fertiles, des amours destructeurs. Tous ces amours-là. Sauf pour elle.

samedi 4 avril 2009

Saturday morning. No question ; wake up.


Faisons fi de l’inutile. Débarrassons-nous du superflu. Commençons par le chien de la voisine.

Depuis quelques jours, la voisine du 204 héberge temporairement le cabot _ plus précisément, la cabote _ de ses amis partis en vacances. Une vieille chienne qui, seule dans les 15 m² de nos cages à lapin, ne cesse de chouiner, glapir, se cogner contre la porte avec fracas, gratter le carrelage frénétiquement. Ceci, de 7h du matin à environ minuit, le temps que cette vénérable voisine passe à ce qui est sûrement son travail. En clair, la bête est aussi malheureuse que si ses maîtres légitimes _ que je maudis, et qui passeront je l’espère des vacances aussi froides et pluvieuses que peuvent l’être les semaines d’avril _, que si ses maîtres légitimes donc, l’avaient laissée sans compagnie du tout. Sauf qu’en sus, elle donne à tout le palier des envies profondes de meurtre. Au début je sais, on se dit « Oooh la pauvre Choupinette » (en plus Choupinette, c’est un nom fait exprès pour attrister le chien). Puis, quand les cloisons sont aussi épaisses et isolantes qu’une couche de graisse sur Paris Hilton, et qu’on entend le bestiau comme s’il se trouvait chez vous, on commence doucement à froncer les sourcils, à crisper les mains sur les oreilles en essayant de se concentrer sur le cours d’histologie (… sodomie. Pardonnez cette déformation étudiante.). Et enfin, quand vous vous sentez au bord de lui apporter une saucisse farcie au cyanure, vous migrez simplement à la Bibliothèque Universitaire (pour ceux qui ne déchiffreront pas « BU ») et vous investissez dans des boules quiès.

Ce chien m’enlève donc encore un peu plus de confort ; ajouté à la télé qui grésille, au vélo sur le balcon, aux canalisations qui refoulent, à ceux qui cassent tout dans leur appart quand le conjoint dit un mot de travers, aux récents étudiants qui aiment bien inviter leurs potes « comme des grands », aux crottes de chien (tiens, encore eux) sur le chemin, aux caïds que je me félicite d’éviter depuis six mois, aux miettes de pain sur le bureau, aux moutons de poussière par terre, aux projections d’huile sur la gazinière, à la vaisselle sale dans l’évier (quoi, encore ?), à la poubelle pleine qu’il faut sortir (quoi, déjà ?) ; ce chien est de trop. Et j’en appelle aux manifestants du sommet de l’OTAN : les gars, ce n’est pas à Strasbourg que ça se passe. Pour faire bouger les choses, réunissez-vous à Mérignac, résidence Le Châtelet, pour lapider publiquement le Canidé à l’origine de tous les maux, les injustices et les travers de ce monde. Sauvons l’humanité de ce à quoi il la mène ; au chaos.