samedi 30 janvier 2010

Article n°59 :

C’est samedi. Je n’ai pas voulu me lever ce matin, sous prétexte qu’il ne faisait pas encore jour. Seulement le jour lui, a fini par se lever, et je me suis fait tomber du lit pour être sûre de ne pas rester captive de ma léthargie. Ça a un peu violenté mes lombaires. Il n’y avait que du téléshopping sur toutes les chaînes, c’est si détestable le téléshopping, alors j’ai allumé le poste de radio et j’ai dû écouter ces pubs et ces chansons qui passent en boucle, un peu comme la pauvre routine de ma pauvre vie.

J’ai attaché mes cheveux sales et j’ai pris mon sac à dos pour aller aux courses. En caisse, la vieille dame qui passait après moi regardait mes articles d’un drôle d’œil. Elle se demandait sûrement si moi aussi je prenais garde à mon taux de cholestérol. Elle m’a souri. Je lui ai souri aussi. Elle a rangé ses produits sur le tapis avec application et lenteur, ménageant ses vieilles articulations et ordonnant ses gestes avec économie. Je me suis mise à éprouver un profond respect pour ces vieillardes attendrissantes, une admiration éternelle pour des vétérantes qui ont accouché sans péridurale, pratique peu répandue à l’époque du mythe « tu enfanteras dans la douleur ».

Et dans le tram, je regardais la ville grise défiler. Une poussette est montée, qui asseyait une petite fille aussi jeune que minuscule. Elle s’est retrouvée à la hauteur d’une petite fille plus âgée, qui se tenait debout et qui apprenait à parler. J’ai aimé le regard qui s’est échangé entre ces poupées noire et blanche. C’était de la curiosité sans hostilité, du « T’es qui toi ? » sans débat sous-jacent d’identité nationale. C’était de l’exploration, de l’apprentissage, de la socialisation, enfin c’était quelque chose qui m’a touchée. Il est vrai que parfois je suis sujette à la sensiblerie, mais la sérénité que j’ai observée aujourd’hui, je ne l’ai trouvée qu’aux deux extrémités de la vie : chez les gamines et la vieillarde. Je les ai enviées ; car en ce moment je boîte un peu, je voudrais changer d’air et de vie, je me pose des questions de jour et des questions de nuit, j’espère et j’aspire à de l’inaccessible, je me perds dans le souffle du vent et je voudrais être portée vers la Lune. Les fruits, les légumes et un peu de soleil me prêtent des vitamines, mais loin de mes amis la saveur des choses ordinaires est perdue. Je veux qu’on me donne du sourire, du nouveau et de l’émotion. Je veux ne plus être crevassée d’indifférence et mélancolique sur mon oreiller. Je veux retrouver tout ce qui fait des jeunes de 19 ans des gens épanouis et dynamiques. Allez hop.

samedi 16 janvier 2010

Article n°58


Je te préviens d’ores et déjà que cet article sera merdique. Cela fait trop longtemps que je n’ai plus pratiqué la confession sur clavier ; revenir à la spontanéité demandera quelques étirements et exercices de rythme avant de retrouver de l’élasticité dans les phalanges, et du virtuose dans mon inspiration. Car il m’habita, un jour, le virtuose, le talent. Je me rappelle bien de ce 18/20 en rédaction, j’avais huit ans, les fesses posées sur un banc de CE2. Qu’elles étaient alors jolies ces fesses, rondes, fermes et lisses. Il serait intéressant de se demander pourquoi la puberté croit bon d’instaurer de tels cratères celluliteux et de mettre à l’épreuve les coutures de nos culottes en coton. Il serait aussi intéressant de se demander ce qui pousse les vieilles dames à se tartiner les lèvres de gloss rose bonbon. Mais peut-être, mesdemoiselles, ces questions ne trouveront-elles réponse que lorsque nous-mêmes serons ménopausées, fripées, moustachues, et accompagnées d’un caniche de même couleur que notre brushing.

Je tenais à vous faire souligner ce bel effort de début d’année : ne plus commencer systématiquement mes phrases par « je ». Je vous le fait remarquer dans une phrase fait foirer cette résolution. Certes, mais c’est décidé : 2010 ne sera pas l’année de l’égocentrisme et de l’apitoiement sur moi-même. Sauf si mon caractère reprend ses droits sur la gestion du blog.

En attendant, je vous souhaite un bon 2010, un truc de fou, de fou de bonheur. Parce que, dites-vous que ça aurait pu être pire. Actuellement, il y en a qui pourrissent à Haïti, il y en a d’autres qui vont choper les infections des morts d’Haïti, et puis il y en a encore d’autres qui naissent dans la lignée des Sarkozy. Prions pour eux. Amour.